Levée de boucliers des pharmaciens. Un rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) préconise la fin du monopole des pharmacies et l'ouverture à la vente de certains médicaments à prescription facultative et non remboursables, comme le Spasfon ou le Doliprane. Ces conclusions ont suscité de nombreuses réactions hostiles de la part des pharmaciens. Le minsitre de l'Economie, Arnaud Montebourg, y voit, lui, un bon moyen de faire baisser les prix et de booster le pouvoir d'achat des ménages. Michel-Edouard Leclerc, PDG du groupe Leclerc, partage cet avis. Dans un entretien à France Info, il explique qu'il faut rendre le secteur plus concurrentiel.
Un médicament n'est pas neutre
Reçue par Arnaud Montebourg ce mercredi, la fédération des pharmaciens d'officine (FSPF) a tenté de le convaincre de ne pas mettre fin à leur monopole. Ils estiment que même les médicaments non remboursables ne sont pas un « produit de consommation banalisé ». Même constat du côté de la confédération des syndicats des médecins de France (CSMF), « de telles préconisations sont inacceptables car elles mettent en danger la santé des patients. Il ne s’agit ni de bonbons, ni de petits pois, mais de médicaments contenant des principes actifs avec des précautions d’usage et des risques pour la santé, y compris lorsqu’il s’agit de paracétamol ou d’aspirine. » Et seuls les pharmaciens seraient aptes à accompagner au mieux les consommateurs pour se procurer ces médicaments, sans risque.
Michel-Edouard Leclerc leur donne d'ailleurs raison, tout en rappelant que ces conseils pourraient aussi bien s'exercer en grande surface. « Il n'y a qu'en France qu'il y a un monopole de l'officine. Moi, je suis pour le monopole du pharmacien, de l'expertise, pas de la structure », expliquait ainsi le PDG du groupe Leclerc, qui plaide pour la présence de préparateurs en pharmacie au sein des super ou hypermarchés.
Les prix doivent baisser
Le ministre de l'Economie souhaite de son côté réduire les prix des médicaments non remboursables de 20 à 25 %. Ce à quoi la FSPF répond que « les médicaments en France sont parmi les moins chers en Europe ». Briser le monopole des pharmaciens engendrerait des pertes de chiffre d'affaires pour les officines de l'ordre de 1,5 %. Autre point de discorde, la création de chaînes de pharmacies proposée par le gouvernement. Elle devrait impliquer pour les pharmaciens la vente d'une partie de leurs fonds de commerce à des investisseurs.
Enfin, actuellement, « la répartition territoriale des officines garantit l'accès au soin en tous points du territoire ». Cette mesure pourrait donc être source de désagréments pour les consommateurs dans certaines régions. La FSPF déplore d'autre part que la vente en grande surface ne permette pas de conseiller aussi bien les clients, et comme le rappelle la CSMF, trop d'accidents surviennent encore à la suite d'interactions médicamenteuses.
Pharmacies 2.0
Reste le défi de la vente sur internet qui inquiète beaucoup dans la profession. En France, la vente sur Internet n'est possible que si le pharmacien possède déjà une officine physique. Et seuls les médicaments non soumis à la prescription peuvent être proposés. Mais M. Montebourg a confirmé aux pharmaciens qu'il souhaitait que la France soit plus présente sur le web dans le domaine de la vente de médicaments. Pour la FSPF, encourager ce type de vente peut favoriser la contrefaçon, alors qu'au contraire, « le réseau officinal protège de la contrefaçon ».
Que l'avenir de l'officine soit en grande surface ou sur Internet, les pharmaciens dénoncent surtout un manque de visibilté. Ils se disent en effet confus face au discours changeant du gouvernement. La ministre de la Santé Marisol Touraine, semble en faveur du monopole des pharmaciens, et Arnaud Montebourg veut, lui, faire baisser les prix des médicaments, alors que de nombreux Français renoncent encore à se soigner, faute de moyens.