La dépression est-elle un facteur de risque ou une conséquence de la démence ? Cette question, les médecins se la posent depuis un certain temps. Une étude, parue ce 30 juin dans la revue Neurology, livre un premier élément de réponse : cette maladie psychique évolue indépendamment du déclin cognitif.
50 % de déclins cognitifs
« La dépression est-elle une conséquence de la démence ? Est-ce que les deux maladies dépendent des mêmes problèmes sous-jacents dans le cerveau ? Ou est-ce que la relation entre dépression et démence n’a rien à voir avec une pathologie liée à la démence ? » Ces questions, formulées par le Dr Robert Wilson, principal auteur de l’étude, résument bien le flou qui plane depuis plusieurs années. Pour y répondre, une équipe du Centre médical de l’université Rush à Chicago (Illinois, Etats-Unis) a recruté 1 764 personnes âgées en bonne santé générale.
Les participants ont été examinés chaque année, notamment sur le plan psychologique, et ont participé à des tests cognitifs et mémoriels. Si la moitié d’entre eux a développé un déclin cognitif léger, souvent précurseur d’Alzheimer, seuls 18 % ont effectivement souffert de démence.
Un facteur de risque réel
En examinant le lien entre les symptômes dépressifs et les dégâts sur le cerveau, révélés à l’autopsie, les chercheurs n’ont mis en évidence aucun lien causal. Ils ont toutefois établi avec certitude que les personnes souffrant de déclin cognitif léger sont plus à risque de dépression avant le diagnostic. Après qu’il est posé, elles ne sont pas plus exposées que la population générale. Les patients atteints de démence eux aussi souffrent plus de dépression avant le diagnostic. Mais à mesure que la maladie évolue, les symptômes disparaissent plus rapidement que dans la population générale.
La dépression est, en revanche, associée à un déclin cognitif plus rapide. Elle compte pour 4,4 % des troubles non attribuables à des dommages cérébraux. Cela « suggère que la dépression est réellement un facteur de risque de la démence », juge le Dr Wilson. « Si nous pouvons cibler, prévenir ou traiter la dépression ou les causes de stress, nous pourrions potentiellement aider les gens à garder leur capacité à réfléchir et mémoriser à mesure qu’ils vieillissent. »