On savait déjà que les vétérans revenus d'une mission en Afghanistan et en Irak avaient plus de problèmes d'alcool que le reste de la population américaine. Mais pour la première fois, une étude montre que le stress post-traumatique n'est pas le principal facteur de ce phénomène. Les problèmes familiaux sont aussi importants.
Les soucis domestiques affectent le moral
Les vétérans sont deux fois plus vulnérables que les civils à l'alcool. Ils sont 14 % à souffrir d'alcoolisme, contre 7 % pour les autres. Mais une étude, publiée dans l'American Journal of Preventive Medecine, définit de nouvelles causes qui les poussent à la bouteille.
On pensait jusqu'ici que le fait d'avoir été traumatisé par de violents combats, d'avoir été torturé, ou d'avoir été confronté à la mort, influence la consommation d'alcool. Or, les chercheurs ont montré que les difficultés de la vie domestique au retour du front constituent un facteur de risque plus important.
1 095 anciens combattants qui ont servi en Irak et en Afghanistan en 2008 et 2009 ont été interviewés à trois reprises, pour discuter de leurs habitudes face à la boisson, de leur expérience au combat, et de leurs problèmes quotidiens. Ils ont notamment été interrogés sur leurs relations avec leurs proches, la facilité à retrouver du travail, et leur état de santé mental. 60 % des participants avaient subi un traumatisme pendant les combats, et 17 % une agression sexuelle. 36 % d'entre eux ont évoqué des problèmes pour se réintégrer à la vie civile.
Mieux encadrer le retour des vétérans
Avec ces réponses, les chercheurs ont montré que, pour les vétérans, le fait d'avoir des problèmes de couple ou de ne pas retrouver d'emploi dans le civil pousse plus à boire que le fait d'être atteint de stress post-traumatique ou d'autres traumatismes liés à la guerre.
Ces conclusions poussent le Pr Karen Koenen, qui dirige cette étude, à alerter le public sur la nécessité de mieux accompagner les vétérans à leur retour du terrain et d'amplifier les programmes de soutien à leur égard.