Nombreux sont ceux qui ont déjà fait l’expérience du black-out, ce fameux trou noir, conséquence d’une soirée trop arrosée dont on a du mal à se rappeler. Mais l’alcool peut aussi être la cause de dommages plus graves au cerveau et de pertes de mémoire à long terme. Des scientifiques britanniques ont publié fin juillet une étude dans la revue Neurology. Les recherches portent sur les dangers d'une consommation excessive sur le cerveau des personnes âgées de plus de 40 ans. La mémoire et les facultés de concentration des gros buveurs s’en trouvent grandement affectées.
Un cerveau plus vieux chez les alcooliques
Les chercheurs ont soumis 6 542 hommes et femmes nés entre 1931 et 1941 à une série de tests. Les premiers tests d’alcolodépendance ont eu lieu en 1992, puis des évaluations cognitives (logique, rapidité, mémoire) ont été réalisées entre 1996 et 2009. L’objectif était de déterminer quelles conséquences leur consommation d’alcool peut avoir sur leur cerveau des années après. L’étude a démontré que, chez les non buveurs et les buveurs modérés (2 verres par jour pour les femmes, 3 pour les hommes), les conséquences sur l’attention, la rapidité de réflexion et la mémoire étaient inchangées. En revanche, chez les buveurs excessifs, les capacités de réflexion et de mémorisation sont altérées de 5 à 10 % chez les hommes. Cela représente un cerveau plus vieux de 1,5 à 6 ans.
« Nous savons déjà qu’il existe une association entre le risque de démence et le niveau de consommation chez les personnes plus âgées. Mais, ce n’est qu’une partie du puzzle et nous avons peu de données sur les conséquences à long terme des problèmes d’alcool qui surviennent plus tôt dans la vie », explique le Dr Ian Lang, auteur principal de l’étude.
Syndrôme de Korsakoff
La consommation excessive et régulière d’alcool entraîne une carence en vitamine B (que l’on trouve dans la viande ou le poisson). Elle entraîne des troubles de la mémoire à court et à long terme. La plupart du temps, le consommateur souffre de pertes d’orientation et voit ses facultés d’adaption diminuées. Ce symptôme porte un nom : le syndrome de Korsakoff. Mais l’altération des fonctions du cerveau peut aussi conduire à une dépression nerveuse et le buveur s’expose à un risque de démence.
Si les risques sont connus de tous, les chercheurs souhaitent surtout insister sur le fait que les problèmes d’alcoolisme ne concernent pas que les jeunes. Ils rappellent aussi que les séquelles sur la mémoire peuvent être vraiment importantes. « Il ne s’agit pas de dire aux gens de s’abstenir de boire. Tout comme avoir un régime équilibré, ne pas fumer et faire attention à son poids, un verre de bon vin rouge peut même réduire le risque de développer une démence », ajoute-t-il.