Les jeux vidéos violents : bons ou mauvais pour les adolescents ? Selon une étude, parue ce 4 août dans le Journal of Personality and Social Psychology, les jeunes exposés à des jeux qui glorifient la prise de risque ou qui sont interdits aux mineurs ont tendance à développer des comportements plus extrêmes. C’est en tout cas ce qui ressort du sondage réalisé auprès de 50 000 jeunes Américains sélectionnés au hasard.
L’impact des personnages antisociaux
Les chercheurs ont interrogé l’ensemble des adolescents par téléphone, sur leur pratique des jeux vidéos violents (Grand Theft Auto, Manhunt, Spiderman) et leur comportement au quotidien. Les adeptes des jeux destinés aux plus de 16 ans sont plus rebelles et recherchent plus de sensations fortes. C’est particulièrement le cas lorsque les personnages principaux sont antisociaux ou lorsqu’ils jouent beaucoup. Et ce n’est pas seulement le comportement qui est atteint : les valeurs, l’attitude et la personnalité des jeunes concernés changent. Délinquance, abus d’alcool et autres substances, comportements sexuels à risque… L’éventail des déviances est large.
« Nous sommes ce que nous prétendons être »
« Jusqu’ici, les études sur les jeux vidéos se concentraient avant tout sur leurs effets sur les comportements agressifs et violents. Cette étude est importante parce qu’elle est la première à suggérer que les effets des jeux vidéos violents peuvent aller au-delà de la violence et entraîner un abus de substances psychoactives, une conduite à risque, et un comportement sexuel à risque », détaille James Sargent, co-auteur de l’étude. Il explique, par exemple, que derrière le volant, les joueurs conduiront plus vite, de manière plus dangereuse, et iront jusqu’à éviter les contrôles de police ou conduire après avoir bu. « En ce qui concerne les personnages de jeu vidéo déviants, nous pensons qu’il faut suivre l’avertissement de Kurt Vonnegut dans le roman Nuit noire : "Nous sommes ce que nous prétendons être, nous devons donc faire attention à ce que nous prétendons être" », estime le Pr Jay Hull, principal auteur.
Une étude contradictoire
Ces conclusions sont toutefois tempérées par une autre étude, parue dans Pediatrics le même jour. Réalisé auprès de 5 000 Britanniques âgés de 10 à 15 ans, le sondage révèle que les jeux vidéos n’ont qu’un faible impact sur le comportement des jeunes. Chez ceux qui jouaient entre 1 et 3 heures par jour, aucun effet n’a été observé. Les « petits » joueurs (1 heure maximum) étaient plus équilibrés : plus sociables, satisfaits de leur vie, moins perturbés sur le plan émotionnel et relationnel. Les « gros » joueurs semblaient moins équilibrés, mais avec un effet tout à fait relatif, comme le souligne le principal auteur de l’étude, Andrew Przybylski : « Beaucoup jouer aux jeux vidéos semble peu lié aux troubles du comportement dans le monde réel. De même, le petit mais positif effet observé chez ceux qui y jouent peu ne soutient pas l’idée qu’ils pourraient aider les enfants à se développer dans un monde de plus en plus digital », relativise-t-il.