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Exposition in-utero ou pendant l'allaitement

Intolérances alimentaires : le bisphénol A serait responsable

Par la rédaction avec Audrey Vaugrente

L’exposition in utero et pendant l’allaitement au bisphénol A favorise la survenue d’une allergie ou d’une intolérance alimentaire. Et ce même à faible dose, alerte une étude.

Le laboratoire de l'Inra (LANCELOT FREDERIC/SIPA)

L'étau se resserre autour du bisphénol A. Au fil des études scientifiques, les effets délétères de ce perturbateur endocrinien se précisent. Une exposition au bisphénol A pendant la gestation et l’allaitement pourrait être à l'origine d'allergie alimentaire, estime une équipe de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Les résultats de leur étude, parus dans l’édition d’août du Faseb, mettent en cause ce perturbateur endocrinien dès les plus faibles doses.

 

Des allergies à l’âge adulte

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont observé deux groupes. Dans l’un, des rates gestantes ont reçu du bisphénol A par voie orale, du début de la gestation jusqu’au sevrage des nouveaux-nés, 21 jours après la naissance. Les doses ne dépassaient pas celles préconisées par l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) : 5 µg/kg poids corporel/jour. Le second groupe a servi de témoin. Parvenus à l’âge adulte, tous les rats ont été nourris avec l’ovalbumine, une protéine que l’on trouve dans le blanc d’oeuf. Jusqu’alors, jamais ils n’en avaient reçu. Les animaux exposés au bisphénol A ont présenté une réaction immunitaire, à savoir une inflammation du côlon. Les autres ont parfaitement toléré la protéine.

 

Ces résultats confirment qu’une faible exposition périnatale au perturbateur endocrinien favorise la survenue d’une intolérance alimentaire à l’âge adulte. En effet, le bisphénol A perturbe le système immunitaire dès les plus petites doses. Ce qui est inquiétant, selon les chercheurs, c’est que certaines n’excèdent pas le seuil toxicologique fixé par l’Anses. « Ces nouveaux résultats contribuent à caractériser les effets délétères du BPA sur le système immunitaire, à de faibles niveaux d’exposition, et à des âges auxquels l’individu est particulièrement vulnérable car immature : le fœtus et le nourrisson », réagit l’Inra dans un communiqué.

 

De nombreux risques pour la santé

Le bisphénol A est quasi omniprésent dans notre quotidien, via les emballages alimentaires et cosmétiques. Ce perturbateur endocrinien absorbé par simple contact avec la peau est aussi connu pour les risques qu’il représente sur le plan de la santé. Classé « toxique pour la reproduction » par l’Anses, il affecte aussi le foie, les reins et les glandes mammaires, reconnaît l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA). Il aggraverait aussi les maladies métaboliques, comme le diabète ou l’obésité, et peut être à l’origine de lésions oculaires graves. Les autorités sanitaires agissent aussi de manière plus stricte. Depuis 2013, les produits destinés aux enfants ont interdiction de contenir du bisphénol A. En 2015, ce seront les emballages alimentaires dans leur ensemble qui devront se passer de ce produit chimique qui assouplit les plastiques.