Deux Américains rapatriés, et l’espoir d’un traitement miracle. Alors qu’Ebola fait rage en Afrique de l’Ouest, trois spécialistes internationaux du virus appellent à ouvrir les traitements expérimentaux aux populations de la région. Peter Piot, qui a découvert le virus, David Heymann et Jeremy Farrar exhortent l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à prendre ses responsabilités dans un communiqué commun.
Atlanta teste un traitement
Plusieurs antiviraux, anticorps monoclonaux et vaccins sont à l’étude, et ils pourraient être utilisés contre le virus Ebola, ont déclaré les trois spécialistes. C’est déjà le cas aux Etats-Unis : le Dr Kent Brantly, médecin de 33 ans, et Nancy Writebol, missionnaire de 60 ans ont été rapatriés au Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) d’Atlanta (Georgie, Etats-Unis). Avant leur départ, ils ont reçu une dose de sérum ZMapp, actuellement testé par l’entreprise de biotechnologie américaine Mapp. Composé de 3 anticorps tirés de feuilles de tabac modifiées, il aurait prouvé son efficacité chez ces deux malades, dont les symptômes se sont atténués.
L’OMS doit agir
Puisque ces patients ont bénéficié d’un traitement expérimental, l’ensemble des malades devraient y avoir droit, estiment Peter Piot, David Heymann et Jeremy Farrar. « Les gouvernements africains devraient être autorisés à prendre des décisions informées concernant l’usage ou non de ces produits - par exemple pour protéger et traiter les travailleurs de santé qui courent des risques d’infection particulièrement élevés. » Les médecins appellent l’OMS, « seul organe avec l’autorité internationale nécessaire » à « endosser ce rôle ». Ils soulignent également l’injustice de la situation : si le virus faisait rage dans un pays développé, comme les Etats-Unis, les agences sanitaires « entameraient des négociations avec les entreprises et les laboratoires qui développent ces produits, puis décideraient rapidement lesquels sont appropriés », écrivent-ils.
Une efficacité limitée
Le directeur de l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), le Dr Anthony Fauci, se montre plus prudent. Certes, le traitement a montré « une certaine efficacité, mais seulement chez deux patients. Nous ne pouvons pas dire à ce stade que ce traitement est prometteur », a-t-il signalé à l’AFP. L’Institut a tout de même accéléré les recherches autour d’un vaccin qui s’est avéré efficace chez les primates. Des essais cliniques sur des volontaires en bonne santé démarreront dès septembre. Et s’il ne souhaite pas les pratiquer sur des malades, c’est par respect de l’éthique : seule une fraction des patients bénéficieraient de ce traitement salvateur, ce qui ne serait pas correct.
Reste que les inégalités sont de plus en plus frappantes. Après les Etats-Unis, qui ont évacué les deux malades américains pour leur donner de meilleures chances de survie, c’est l’Espagne qui annonce l’envoi d’un avion militaire pour rapatrier un missionnaire espagnol de 75 ans. Alors que le Nigeria notifie ses premiers cas, la région sombre dans l’isolement. La France déconseille à ses ressortissants de voyager en Guinée, Sierra Leone et au Liberia et deux compagnies aériennes - British Airways et Emirates - ont été jusqu’à suspendre les vols à destination de Monrovia (Liberia) et Freetown (Sierra Leone).
L’épidémie s’étend au Nigeria Dans son dernier point sur l’épidémie, daté du 4 août, l’OMS signale 163 nouveaux cas entre le 31 juillet et le 1er août. Au total, plus de 1 600 cas ont été notifiés, dont 1 000 confirmés. Après la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia, c’est le Nigeria qui semble menacé : 3 cas ont été signalés dans le pays, dont un homme qui est décédé à Lagos et un professionnel de santé qui revenait de Guinée. Dans le monde, plusieurs cas suspects émergent : à Marseille, une femme a été accueillie, mais n’a finalement pas été gardée en quarantaine. En Arabie saoudite, un homme a été soigné et placé en quarantaine à l’hôpital de Jeddah. Il s’était présenté avec les symptômes d’une fièvre hémorragique virale. |