La question a été abordée en début d’année, mais la décision reportée à plus tard. Ce lundi, le gouvernement a adressé une note écrite au Commissariat à l’énergie atomique. Il y fait part de sa décision de fermer le réacteur nucléaire Osiris situé sur le site de Saclay (Essonne) en décembre 2015. L’Académie nationale de médecine a déjà protesté, en insistant sur la perte engendrée par un tel événement. Les radioéléments produits par le réacteur de Saclay permettent en effet de réaliser plus de 800 000 examens médicaux par an, précieux pour détecter les cancers et autres maladies.
Une production insuffisante
Mis en service en 1966, Osiris est l’un des plus vieux réacteurs de France. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) recommande donc son arrêt depuis plusieurs années. Mais son utilité pour les examens médicaux suscitait un dilemme pour le gouvernement. Il s’est finalement appuyé sur un récent rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) pour prendre sa décision. Il indique que la production d’Osiris n'est pas suffisante pour empêcher une pénurie. La production de Saclay en radioéléments représente 8 % de la capacité de production mondiale. Mais le réacteur peut doubler ses capacités de production en cas de défaillance de l'un des autres réacteurs. Dans son rapport, l’IGAS préconise le recours aux autres techniques d’imagerie médicale. Le professeur Aurengo, président de l’Académie de médecine, s'indigne de cela : « Les autres techniques d’imagerie médicale sont très coûteuses et surtout inefficaces sur les enfants. »
Des techniques efficaces pour détecter les maladies
L'imagerie médicale désigne l'ensemble des examens qui permettent la restitution d'images du corps humain : absorption des rayons X (scanner), résonance magnétique nucléaire (radiographie), réflexion d'ondes ultrasons (échographie)… Les techniques sont nombreuses. Très efficaces pour diagnostiquer des maladies, ces méthodes sont également utilisées dans la recherche biomédicale du fonctionnement de l'organisme. Ces radioéléments, lorsqu'utilisés dans le domaine médical, servent aujourd'hui souvent à réaliser des scintigraphies, des radios de l’os utiles pour détecter les cancers.
Osiris est l'un des neuf réacteurs au monde (Canada, Belgique, France, Pays-Bas, Afrique du Sud, Australie, Pologne, République tchèque) dont les radioéléments servent à la médecine. Le président de l'Académie de médecine insiste sur « la lourde responsabilité » du gouvernement dont la décision entraînera, selon lui, « de véritables pertes de chance » pour les patients. La situation devrait cependant s’améliorer rapidement. En 2018, le réacteur Osiris sera remplacé par Cadarache (Bouches-du-Rhône), et deux autres réacteurs ouvriront en Allemagne et en Corée du Sud.