La France est-elle prête face à une arrivée « possible » du virus Ebola sur son territoire ? A en croire les autorités sanitaires françaises, la réponse à cette question est « oui ». En effet, dans un document mis en ligne par le ministère de la Santé il y a quelques jours, le gouvernement indique que « La France se prépare depuis plusieurs années à la gestion de ce type d’événements émergents et dispose d’établissements de santé de référence et de laboratoires de très haute sécurité permettant de faire face, si nécessaire, à ce type de virus. » Un dispositif très complet a donc été mis en place pour contrer ce risque « faible » mais « pas nul », selon les experts.
Des réunions de coordination interministérielle
En détails, la France possède tout d'abord un dispositif sanitaire national. Ainsi, le ministère des Affaires sociales et de la Santé organise très régulièrement des réunions de coordination interministérielle pour assurer la bonne information des autres ministères sur les connaissances de l’épidémie et les caractéristiques du virus Ebola, ainsi que sur les différentes mesures mises en œuvre et sur les recommandations à destination des professionnels de santé, des agences régionales de santé (ARS), des compagnies aériennes et maritimes et des voyageurs.
Une coordination est en outre assurée en permanence sur ce sujet, avec les autres États membres de l’Union européenne, en lien avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Un dispositif de surveillance épidémiologique
Par ailleurs, la situation épidémiologique - nationale et internationale - est suivie avec attention par l’Institut de veille sanitaire. L'InVS est donc en charge d’assurer les actions de surveillance, de vigilance et d’alerte sur le virus Ebola. Un dispositif de veille sanitaire spécifique à Ebola a ainsi été mis en place, dès mars 2014, pour être en mesure d’identifier, de prendre en charge et d’isoler très précocement toute personne susceptible d’être contagieuse sur le territoire.
La procédure établie par le ministère prévoit par exemple les conditions de transport, d’isolement dans une structure hospitalière adaptée, de réalisation des examens sans risque d’exposition des professionnels et de prise en charge thérapeutique des possibles cas suspects.
De plus, le ministère a établi une liste des établissements de santé de référence (ESR) disposant des capacités opérationnelles pour accueillir un malade atteint par le virus Ebola.
Ceux-ci sont au nombre de neuf dans l'Hexagone. Ils doivent obligatoirement disposer d'un service de maladies infectieuses, d'un service de réanimation doté de chambres d'isolement, d'un service de médecine nucléaire, d'un laboratoire garantissant le confinement total des agents infectieux manipulés, mais encore d'une aire permettant à un hélicoptère de se poser.
L’hôpital Nord de Marseille (Bouches-du-Rhône) est l'un d'entre eux. Et il a déjà traité deux cas suspects du virus en deux mois, qui se sont révélés négatifs.
Des messages d'alerte à destination des professionnels de santé
Enfin, les professionnels de santé ont été informés de ce dispositif via des messages d’alerte (DGS-Urgent pour les médecins libéraux et messages d’informations spécifiques pour les établissements hospitaliers). Des consignes leur ont été adressées sur la conduite à tenir devant un cas susceptible d’être atteint par la maladie. Ces consignes les renseignent aussi sur les modalités de diagnostic biologique, ainsi que sur le fonctionnement des alertes sanitaires et la prise en charge médicale adéquate.
« La direction générale de la santé vous rappelle qu’un cas suspect, selon l’InVS, est défini comme toute personne présentant, dans un délai de 21 jours après son retour de la zone à risque, une fièvre supérieure ou égale à 38,5°C », indique le message de prévention.
Les procédures à respecter pour assurer leur propre protection leurs ont également été rappelées. Elles indiquent à ces professionnels de santé de se protéger des contacts avec le sang, les tissus ou les liquides biologiques (pas de contamination aérienne). « Des mises à jour vous seront adressées en fonction de l’évolution de la situation », poursuit le message.
Pour rappel, la fièvre hémorragique causée par le virus Ebola sévit depuis février 2014 dans trois pays d’Afrique de l’Ouest (Sierra Leone, Guinée, Libéria) et a provoqué près de 900 décès. Mais depuis deux semaines, le Nigéria est lui aussi touché. Il dénombre 7 cas confirmés d’Ebola dont 2 mortels. Aux Etats-Unis, plusieurs cas suspects ont été identifiés. La Banque mondiale a annoncé récemment son intention de mobiliser 200 millions de dollars (149 millions d'euros) en urgence, afin d'aider les trois pays les plus touchés à contenir l'épidémie.