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Pression sur l'HTA

Par Philippe Berrebi

MOTS-CLÉS :

Tous les protagonistes de l’affaire se souviendront longtemps du 26 juin 2011. Ce jour là, un décret retire de la liste des affections de longue durée l’hypertension artérielle (HTA) sévère. Autrement dit, depuis cette date, les malades ne seront plus pris en charge à 100% mais à 65%. Entre 7 et 11 millions de Français  souffrent d’hypertension artérielle dont plus d’un million d’HTA sévère.
Et le journal Monde revient sur l’histoire de Monsieur M dont le médecin vient justement de diagnostiquer une HTA sévère. Il doit arrêter de fumer mais aussi prendre quatre médicaments par jour. Coût de la facture 70 euros par mois pris en charge à 65%. Comme il ne gagne que 800 euros par mois et n’a pas de complémentaire, Monsieur M arrête son traitement et meurt quelques semaines plus tard d’une complication cardiaque. 
En fait, l’histoire racontée par la journaliste Pascale Santi reprend un scénario imaginé par le Pr Joël Ménard. Avec la communauté scientifique et les associations de patients, ce professeur de santé publique dénonce cette limitation pour les plus défavorisés de l’accès au traitement d’une maladie grave. Un million d’hypertendus n’auraient pas d’assurance complémentaire.
Les détracteurs multiplient les arguments pour contester un choix qui relève d’une « pure logique financière ». La mortalité liée aux maladies cardio-vasculaires risque d’augmenter, craignent les uns, la prévention va connaître un recul historique, pronostiquent les autres.  

Un recours a bien été déposé en Conseil d’Etat, une commission doit rendre ses conclusions, mais, pour l’heure, l’assurance maladie reste ferme sur ses positions : l’HTA sévère n’est pas une maladie mais un facteur de risque. Un débat sémantique qui cache une réalité financière : le nombre de patients atteints d’HTA a augmenté de près de deux millions entre 2000 et 2006, note le quotidien, et l’HTA sévère est la troisième cause de prise en charge à 100%.