« Aujourd’hui, si une femme souhaite avorter, elle n’obtient un rendez-vous que dans 15 jours, voire trois semaines, affirme Danielle Gaudry, responsable de la commission avortement du Planning familial. Les délais par rapport au reste de l’année sont largement allongés. » Résultat : certaines femmes se retrouvent au-delà du délai légal de 12 semaines pour pratiquer une interruption volontaire de grossesse, et peuvent être contraintes d’aller à l’étranger. La loi stipule pourtant qu’une femme demandant une IVG doit obtenir un rendez-vous pour une consultation dans les 5 jours suivant son appel.
Pourtant, au 1er août, la ministre de la Santé avait publié un communiqué pour insister sur la nécessaire mobilisation autour de l’IVG pendant la période estivale. Elle avait rappelé que toutes les Agences régionales de santé devaient assurer une permanence dans chaque territoire. La ministre souhaitait « lever les obstacles territoriaux » qui peuvent freiner l’accès de certaines femmes à l’IVG, mais aussi conserver « des délais d’accès conformes » aux recommandations. Eté ou pas, « ce droit fondamental » doit être garanti à chaque citoyenne, estime-t-elle.
Des permanences qui ne répondent pas
« Nous ferons un bilan précis de l’été, indique Danielle Gaudry, mais d’ores et déjà, je peux vous dire que le dispositif Frida, mis en place en Ile-de-France, ne fonctionne pas. Quand on appelle les référents IVG des permanences, bien souvent, les femmes – et même nous – n’obtenons pas de réponse. » L’Ile-de-France, où la situation est particulièrement tendue, avait pourtant mis en place le projet FRIDA (Favoriser la Réduction des Inégalités D’accès à l’Avortement) en avril dernier avec un ensemble de mesures : la mise en place d’un observatoire des dysfonctionnements du parcours de santé IVG, la création d’une plateforme d’aide à l’orientation des femmes, le rappel des obligations aux établissements, etc.
Si les intentions de la ministre de la Santé ont été saluées, elles ne semblent pas avoir atteint leur objectif. Il faut dire que le problème ne date pas d’aujourd’hui. Chaque année, en période estivale, l’accès à l’IVG se complique. « La situation est déjà tendue tout le reste de l’année, précise Véronique Séhier, co-présidente du Planning familial. Alors l’été, à cause des congés, certains services ne sont pas toujours bien organisés et la continuité des soins n’est pas assurée. Tout ça parce que l’IVG n’est pas encore considéré comme un acte comme les actes, » regrette cette dernière.
Une mobilisation trop tardive
La volonté politique est donc bien présente mais les moyens manquent encore, estime-t-on du côté du Planning Familial. Pour les deux représentantes du mouvement, la mobilisation a été trop tardive. « Début juillet, nous avons reçu un mail de l’ARS nous informant qu’il n’était pas capable de nous donner les disponibilités des services hospitaliers pendant l’été, » témoigne Danielle Gaudry. Même sentiment du côté de Véronique Séhier concernant le communiqué de Marisol Touraine : « Ce n’est pas au 31 juillet que l’on mobilise les équipes. » Le bilan chiffré de l’été qu’établira le Planning familial en septembre dira les mesures prises ont quand même un peu amélioré l’accès à l’IVG.