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En l'espace de dix ans

Les cancers du poumon progressent chez les non-fumeurs

Par Julian Prial

Selon une étude, entre 2000 et 2010, le pourcentage de malades non-fumeurs atteints d'un cancer bronchique est passé de 7 % à  11 % en France. En cause, le tabagisme passif et la pollution.

Lefteris Pitarakis/AP/SIPA
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Le cancer du poumon est en hausse chez les Français qui ne fument pas, révèle une étude menée en 2010 dans les services de pneumologie de 104 hôpitaux généraux de France (CHU exclus). Présentée en juin à Chicago lors du dernier congrès de l'American Society of Clinical Oncology, cette recherche prenait en compte la totalité des patients souffrant de cancer broncho-pulmonaire admis dans les services durant l'année 2010, soit 7 051 dossiers.  Résultat, sur les, 762 patients, soit près de 11 %, déclaraient n'avoir jamais fumé, et parmi ces derniers, 158 (20 %), affirmaient avoir été soumis au tabagisme passif.


Une hause de 4 % en dix ans 

Première conclusion du Dr Daniel Coëtmeur, pneumologue et oncologue thoracique à l'hôpital Yves-Le Foll de Saint-Brieuc, qui a réalisé la synthèse de ce travail, la part de non-fumeurs atteints de cancers bronchiques est en hausse. Celle-ci est passée de 7 à 11 % en dix ans. Contacté par  pourquoidocteur, le Pr Etienne Lemarié, pneumologue à Tours (37), confie : « Il s'agit d'une étude épidémiologique conduite dans les hôpitaux généraux français tout à fait sérieuse et qui reflète sans doute la tendance générale en France. »
Petite précision, s
ont catalogués ici comme « non-fumeurs » des personnes qui ont fumé moins de 100 g de tabac dans leur vie, soit l'équivalent de cinq paquets de 20 cigarettes.
Les fumeurs repentis depuis longtemps, même ceux n'ayant fumé que durant deux ou trois ans, tirent des bénéfices de l'arrêt du tabac. « On ne revient jamais au degré de risque minimum. Mais en arrêtant de fumer, on s'épargne d'autres pathologies, comme les maladies cardio-vasculaires par exemple », souligne le Dr Daniel Coëtmeur. 


De multiples facteurs environnementaux
Et selon ce pneumologue, les causes de cette forme de cancer de très mauvais pronostic chez les non-fumeurs sont multiples. Arrivent en tête le tabagisme passif, et cela « malgré les mesures en vigueur dans les lieux publics », précise le Dr Daniel Coëtmeur. Autre explication : les facteurs environnementaux qui endommagent sérieusement la santé pulmonaire des non-fumeurs.
Parmi les substances les plus nocives, on retrouve les particules fines du diesel, la présence d'arsenic, de chrome, de silice ou encore d'amiante dans l'environnement professionnel. 

9 malades sur 10 atteints de cancers bronchiques sont fumeurs
Autre conclusion de cette étude, les personnes atteintes de cancers broncho-pulmonaires non-fumeurs sont des femmes à 70 %. Une donnée qui accrédite la thèse selon laquelle  un facteur hormonal conjugué au tabagisme passif accroît peut-être ce risque estime le Dr Daniel Coëtmeur.

« Ces malades non-fumeurs sont plus âgés que la moyenne des patients souffrant de la même pathologie. Leur cas est souvent sévère (métastases osseuses) car les premiers symptômes, sur des personnes qui ne semblaient pas présenter de facteurs de risques, ont été sous-estimés. Une toux persistant au-delà de trois semaines, le premier crachement de sang doivent alerter », prévient le Dr Coëtmeur. Mais ce dernier indique cependant qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter outre mesure du côté des non-fumeurs, « car neuf malades sur dix atteints de cancers bronchiques sont des fumeurs », conclut-il.