Quatre agences régionales de santé (ARS) viennent de lancer un appel à candidature aux pharmacies pour participer à l’expérience de vente de certains antibiotiques à l’unité. Sélectionnées par la ministre de la Santé et des Affaires sociales, Marisol Touraine, les agences concernées se situent en Ile-de-France, dans le Limousin, en Lorraine et dans la région Provence- Alpes-Côte-d ‘Azur (PACA.)
100 « places » disponibles
Les pharmacies ont jusqu’au 8 septembre pour se porter volontaires (exceptée la région PACA dont la date butoir a été fixée au 31 août.) Au total, 100 pharmacie dont 25 « témoins » et 75 « expérimentatrices ». Les premières continuent à délivrer des boîtes tandis que les autres ne délivrent que le nombre exact de pilules antibiotiques dont le patient a besoin. Les médicaments seront vendus en sachet. Le patient devra donner son autorisation en remplissant un formulaire. La centaine d’officines concernée obtiendra également une rémunération : 300 euros pour les « témoins » et 1 500 euros pour les « expérimentatrices. » L’expérimentation devrait durer trois ans.
La mesure a été annoncée en 2013 par Marisol Touraine. Objectif : faire économiser la sécurité sociale en évitant le gâchis. Selon Marisol Touraine, « les Français conservent chez eux 1,5 kilo de médicament par an. » Par ce dispositif, la ministre entend aussi améliorer l'obervance des Français et limiter les gâchis dans ce domaine. L’idée a été bien accueillie par le public (83 % d'opinions favorables) mais beaucoup moins par les syndicats pharmaceutiques.
Sujet de controverse
Les pharmaciens vont-il faire acte de candidature pour participer aux expérimentations conduites par les ARS ? Il y a un an, la présidente de l’Ordre des pharmaciens, Isabelle Adanot, s’opposait farouchement à l’argument du ministère selon lequel « de nombreux pays d’Europe vendent leur médicaments à l’unité. » « Le système fonctionne très bien », objectait-elle. « Dans ces pays , les pharmaciens sont organisés pour cela et les conditionnements ont été revus pour être plus proches des durées de traitement recommandées.»
Des propos confirmés par l’économiste Claude Le Pen à la même époque qui pointait le risque de se tromper dans les médicaments. D’autres syndicats se sont montrés moins catégoriques. C’est le cas de Philippe Besset, vice-président de la fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) qui faisait valoir que la vente à l’unité existe déjà en France pour la morphine ou pour les traitements destinés aux enfants hyperactifs.
Grâce à cette mesure, le gouvernement espère réduire la consommation d'antibiotiques et réaliser une économie de 100 millions d'euros sur 22 000 officines.