Une étude publiée ce jeudi 21 août dans la revue américaine Science, révèle que la combinaison des deux vaccins existants contre l’infection de la poliomyélite pourraient éradiquer la maladie des dernières zones endémiques du monde.
Réalisée en Inde sur une centaine d’enfants et de nouveaux-nés, l’étude a prouvé que l’utilisation combinée de l’IPV et l’OPV, les deux vaccins anti-polio mis au point dans les années 50, pourrait permettre une éradication totale de la maladie, encore endémique en Afghanistan, au Nigéria et au Pakistan. « Ces récents essais cliniques ont révolutionné notre compréhension de l'IPV et la manière de l'utiliser dans nos efforts d'éradication mondiale de la polio en assurant que les enfants bénéficieront de la meilleure protection et ce, le plus rapidement contre cette maladie », souligne Bruce Aylward, directeur général adjoint pour la polio de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Vaccins IPV et OPV
Le vaccin IPV, qui consiste à injecter un virus de polio inactif, procure plus d’immunité des muqueuses intestinales que l’OPV, vaccin oral qui contient un virus encore vivant affaibli mais dont les effets sont moins importants sur une longue durée que l’IPV. « L’OPV protège plus contre l’infection alors que l’IPV protège contre la maladie.
Une combinaison des deux serait donc une très bonne pour détruire les dernières chaînes de transmission existantes dans le monde », considère le Pr Daniel Floret, pédiatre et président du Comité technique des vaccinations (CTV), en France. Le spécialiste met cependant un bémol: « le vaccin IPV est plus coûteux que le vaccin OPV, cela pourrait représenter donc une barrière éventuelle pour les pays du tiers-monde qui disposent de peu de moyens financiers. »
Ecoutez le Dr Daniel Floret, pédiatre et président du Comité technique des vaccinations (CTV), " Le vaccin vivant de l'OPV a tout de même un inconvénient car il peut entraîner des polios vaccinales..."
Un virus très dangereux
La poliomyélite est une maladie extrêmement contagieuse touchant principalement les enfants de moins de 5 ans. Le virus de la polio se transmet par le biais d’aliments ou d’eau contaminée et se propage dans l’intestin. Il peut atteindre le système nerveux et provoquer une paralysie (dans un cas sur 200 infections). En quelques heures, il peut être irréversible.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a enregistré 91 cas de poliomyélites l'année dernière. Selon l’OMS, le nombre de cas a tout de même baissé de 99 % depuis 1988, grâce à l'effort mondial pour éradiquer la maladie.
En France, le dernier cas de poliomyélite autochtone remonte à 1989 et le dernier cas importé en 1995, tous deux concernant des adultes. Si la couverture vaccinale vis-à-vis de la poliomyélite est très élevée dans les tranches d’âge les plus jeunes (entre 99 % à 2 ans et 90 % à 15 ans), mais un peu moins chez l’adulte (66 % en moyenne)
« Le virus a très peu de chances de refaire surface même si les adultes sont un peu moins vigilants et oublient parfois de faire des rappels », estime le Dr Daniel Floret