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Insecticide utilisé en Guyane

Chikungunya : Marisol Touraine donne son vert à l'usage du malathion

Par Julian Prial

Pour endiguer la progression du chikungunya en Guyane, un arrêté permet depuis août l’utilisation dérogatoire de l'insecticide malathion. Un traitement non-utilisé au sein de l’Union Européenne. 

LM Otero/AP/SIPA

Selon le dernier point de l'Institut de Veille Sanitaire (InVS), l'épidémie de chikungunya s'intensifie en Guyane ! Pour cette raison, les autorités sanitaires françaises ont décidé de trancher pour éteindre une polémique. Celui d'autoriser temporairement un usage contrôlé de l’insecticide « malathion ».
Ce produit n'est pas utilisé en Europe. Pour cette raison, une pétition citoyenne a déjà recueilli  une semaine après sa mise en ligne près de 1 000 signatures pour l’interdiction de cet insecticide,. Selon ses auteurs, le malathion se décompose en malaoxon, composé 60 fois plus toxique pour l'environnement (fruits, légumes, insectes...). Ce dernier détruirait tout sur son passage.

Recommandé par l'OMS
Mais dans un communiqué publié ce vendredi, le ministère de la Santé rappelle que la lutte contre le moustique dit vecteur, c’est-à-dire responsable de la transmission du chikungunya passe par « l’éradication des gîtes larvaires et par l’utilisation d’insecticides pour tuer les moustiques adultes. Or, en Guyane, l’éradication des gîtes larvaires est particulièrement difficile. Par ailleurs, dans cette région, le moustique vecteur est particulièrement résistant à l’insecticide utilisé communément (la deltaméthrine ). » 
Pour cette raison, l’ANSES (1) le Haut Conseil de Santé publique (HCSP) ont été saisis, à la demande du préfet de Guyane, afin d’examiner l’opportunité d’utiliser un autre insecticide, le « malathion », dont l’usage est recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et qui est déjà utilisé dans la lutte anti-vectorielle au Canada et aux Etats-Unis.


Non utilisé en Europe mais pas interdit

Mais le produit est-il interdit en Europe ? Pas vraiment, car selon le gouvernement, le « malathion » ne bénéficie pas d’autorisation d’utilisation dans la lutte antivectorielle en Europe car aucune demande n’a été déposée par les industriels en ce sens. Il peut néanmoins faire l’objet d’une autorisation d’utilisation dérogatoire en France d’une durée maximale de 180 jours.

Ainsi, par un arrêté du 5 août 2014, le gouvernement a décidé d’accorder cette autorisation « au regard de son efficacité avérée dans la lutte contre le moustique vecteur dans cette région et pour répondre à l’enjeu de santé publique important que représente l’épidémie de chikungunya en Guyane. »
Les ministres concernés précisent que la décision a été prise après un examen approfondi de l’impact de ce produit sur la santé des populations locales et sur l’environnement. « Cet examen a démontré que le malathion pouvait être utilisé de manière sécurisée et que son impact sur l’environnement était comparable à celui de la deltaméthrine », est-il écrit dans le communiqué du ministère de la Santé.


Des conditions d'utilisation sécurisées
Pourtant, ce dernier tient aussi à rassurer les opposants à ce produit en précisant que les conditions de son utilisation « seront strictement encadrées par l’application de mesures de gestion spécifiques ». Celles-ci comprenant notamment : une obligation d’épandage par voie terrestre et dans des conditions météorologiques adaptées ; des zones d’exclusion autour des cours d’eau, des cultures vivrières, des captages d’eau de surface et des ruches ; l’information préalable des populations.
Enfin, « un suivi sur le terrain sera réalisé tout au long de l’utilisation pour s’assurer de leur bon respect », conclut le ministère.


(1) Agence nationale de Sécurité sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail