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QUESTION D'ACTU

La forme fronto-temporale

Dépister une démence en analysant la rétine

En analysant l’épaisseur de la rétine, il serait possible de détecter une forme familiale de démence fronto-temporale. L’équipe a aussi décrypté le mécanisme à l’origine de la maladie.

Dépister une démence en analysant la rétine SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA




La rétine, une « fenêtre sur le cerveau. » Une récente étude, publiée dans le Journal of Exprimental Medicine ce 25 août, ouvre de nouvelles possibilités dans le dépistage de la forme familiale de la démence fronto-temporale. Cette maladie neuro-dégénérative, qui se caractérise par des troubles du comportement et du langage, pourrait être détectée plus tôt grâce à une analyse de l’épaisseur de la rétine.

 

Un amincissement précoce

Bien qu’elle soit située dans l’oeil, la rétine se compose de neurones directement connectés au cerveau. L’étude de cette paroi représente potentiellement un moyen simple et accessible d’examiner les modifications des neurones. Dans le cadre de cette étude, les instituts Gladstone et l’université de Californie à San Francisco (Etats-Unis) ont suivi des patients porteurs d’une mutation génétique responsable de démence fronto-temporale, qui touche environ 5 000 Français. Plus précisément, ces personnes portent un gène qui réduit l’expression de la progranuline, une protéine clé dans le cerveau.

 

En observant l’épaisseur de la rétine, les chercheurs ont pu repérer l’apparition d’une démence fronto-temporale avant même l’apparition des symptômes habituels. En effet, les patients porteurs de la mutation génétique avaient une rétine plus fine que les autres. « Ces résultats suggèrent que la rétine est une sorte de "fenêtre sur le cerveau" », souligne le Dr Li Gan, qui a mené l’étude. Pour lui, ces découvertes font de l’amincissement de la rétine « l’un des signes observables les plus précoces dans la démence fronto-temporale familiale. »

Eviter la mort des neurones

Si la rétine s’amincit, c’est parce que les neurones qui la composent meurent progressivement. Ce mécanisme est justement à l’origine de la démence : les neurones des zones frontale et temporale du cerveau perdent leur fonction et meurent, ce qui entraîne les symptômes cognitifs. Mais jusqu’ici, les chercheurs ignoraient comment c’était possible.

Grâce à cette étude, les mécanismes sous-jacents de la maladie sont plus clairs. La forme étudiée de la maladie s’explique par une mutation génétique qui sous-exprime la protéine progranuline. Or, elle est responsable de la bonne localisation d’une autre protéine, le TDP-43. Comme celle-ci ne se situe plus à l’extérieur des neurones, mais en leur coeur, ceux-ci perdent leur fonctionnement normal et finissent par se détruire.
Mais en cherchant comment contrer ce mécanisme, les chercheurs ont mis en évidence une possible piste thérapeutique. Une troisième protéine, Ran, régule le niveau de TDP-43. En augmentant l’expression de la première, il est possible d’élever les niveaux de la seconde, en dépit de la mutation génétique. Cela permet d’éviter la mort des neurones.
« Grâce à ces résultats, nous savons que l’amincissement rétinien peut représenter un marqueur pré-symptomatique de la démence, mais nous avons aussi progressé dans la compréhension des mécanismes sous-jacents de la démence fronto-temporale, et ils pourraient aboutir à la définition de nouvelles cibles thérapeutiques », résume le Dr Gan.

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