Faire chuter la courbe de l’obésité. C’est un combat de longue haleine aux Etats-Unis, mais aussi en France. Pour cela, des politiques variées sont suggérées. Une équipe de chercheurs américains en a comparé trois : l’activité physique périscolaire, la taxe d’un centime par tranche de 4,2 grammes de sucre dans les boissons sucrées, et l’interdiction des publicités télévisées sur le fast-food ciblant les enfants. Grâce à une projection sur 20 ans, ils sont parvenus à déterminer lesquelles étaient les plus efficaces. Ils présentent leurs résultats dans l’American Journal of Preventive Medicine.
Des effets variables selon l’âge
Pour évaluer l’impact potentiel de ces différentes politiques, l’équipe dirigée par Alyson Kristensen a effectué une revue de la littérature parue entre janvier 2000 et juillet 2012. Puis, à l’aide d’un modèle statistique, ils ont simulé l’effet sur l’alimentation ou l’activité physique, ainsi que sur l'indice de masse corporelle (IMC), au sein d’une population d’enfants scolarisés en 2032, soit 20 ans après la mise en place des mesures. Les trois approches sont bénéfiques, ont conclu les chercheurs. C’est principalement le cas dans les deux populations les plus touchées par l’obésité : les Afro-américains et les Hispano-américains.
Mais selon les tranches d’âge, l’effet des approches de prévention de l’obésité varient. Ainsi, chez les 6-12 ans, c’est l’activité physique périscolaire qui est la plus efficace, avec une réduction d’1,8 point de pourcentage. En revanche, les 13-18 ans seraient plus sensibles à une taxe sur les boissons sucrées, qui réduit le taux d’obésité de 2,4 points de pourcentage. C’est d’ailleurs cette dernière qui devrait être privilégiée, selon les résultats.
13 milliards de dollars générés
« Bien que le modèle précise que chacune de ces politiques réduirait l’obésité chez les enfants et adolescents, la taxe d’un centime sur les boissons sucrées possède d’autres caractéristiques qui en font la meilleure option », analyse Alyson Kristensen, principale chercheuse. « Elle réduit l’obésité, tout en générant des recettes significatives qui financent d’autres activités de prévention de l’obésité. » La mesure a rapporté pas moins de 13,25 milliards de dollars en 2010. En plus de cet avantage, non négligeable, elle ne demande pas d’investissement supplémentaire, n’a pas d’obstacle juridique… et bénéficie également aux adultes.
« Malheureusement, la mise en place de n’importe laquelle de ces politiques sur le court terme est très peu probable », déplore Alyson Kristensen. La chercheuse estime toutefois qu’une évolution positive peut survenir : la masse de preuves en faveur d’une action de l’Etat grandit sans cesse, et le public prend conscience que de telles mesures sont nécessaires. Dans l’intervalle, conclut-elle, il revient aux collectivités d’agir pour combiner les trois mesures.