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Revue Science

Ebola : 5 scientifiques meurent du virus avant la parution de leur étude

Par la rédaction

Sur 58 auteurs d'une étude sur Ebola, cinq sont morts infectés par le virus contre lequel ils luttaient. Ces personnes sont décédées avant la rédaction finale de leur article.

Capture d'écran : vidéo YouTube, Les cinq auteurs de l'étude Science qui ont contracté Ebola et en sont morts
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Mohamed Fullah, Mbalu Fonnie, Alex Moigboi, Alice Kovoma et Humarr Khan. Ces cinq scientifiques de l'hôpital gouvernemental de Kenema en Sierra Léone ont tous un triste point commun. Celui d'être décédé des suites d'une fièvre hémorragique Ebola avant de voir leurs noms publiés dans Science, la prestigieuse revue de l’American Association for Advancement of Sciences. Comme le révèle le site Slate.fr, ces auteurs allaient en effet publier une étude inédite sur ce virus. Quatre auteurs sont morts avant sa rédaction finale, le cinquième pendant la relecture.

Un seul type de virus à l'origine de l'épidémie
Leurs travaux sont pourtant loin d'être anodins. Cette recherche menée sur 99 isolats de virus Ebola obtenus après des prélèvements de sang effectués chez 78 malades de Sierra Léone donne, pour la première fois depuis la découverte du virus en 1976, des données sur les mécanismes de reproduction et de mutation du virus.

Ces scientifiques qui ont publié le 28 août dans Science confirment avec des preuves moléculaires l’hypothèse avancée par des chercheurs français selon laquelle le virus Ebola qui sévissait jusqu’alors en Afrique centrale a muté pour donner celui qui frappe aujourd’hui l'Afrique de l’Ouest –sans doute véhiculé par des chauves-souris frugivores porteuses saines.
Ils révèlent aussi qu’un seul type de virus est à l’origine de l’épidémie actuelle, qui a émergé fin mars 2014 en Guinée.

Un vibrant hommage rendu par les 53 autres auteurs
Interrogé par le magazine en ligne, Sylvain Baize (1), qui a découvert la souche « Zaïre » d'Ebola le premier dans son laboratoire lyonnais, a confié « C’est là une tragique première qui, s’il en était besoin, vient démontrer l’indispensable solidarité que nous devons manifester vis-à-vis de tous ceux qui, dans les pays africains aujourd’hui touchés, luttent contre l’Ebola, chercheurs et soignants.
Les cinq chercheurs qui viennent de mourir ne verront pas les suites de leur travail en termes de progrès diagnostiques et, nous l’espérons tous, thérapeutiques. Pour l’heure, nous songeons à eux. »
Les cinquante-trois autres auteurs de l'article, toujours vivants, ont eux aussi rendu un vibrant hommage à leurs collègues décédés en fin de publication.

Dans son dernier bilan publié ce jeudi, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indique que le virus Ebola a déjà fait 1 552 morts pour 3 069 cas recensés dans les quatre pays touchés (Guinée, Libéria, Sierra Léone, Nigéria). Huit jours plus tôt, 2 615 cas dont 1 427 mortels étaient recensés. L'OMS pense que le nombre total de cas mortels pourrait à terme dépasser les 20 000.

(1) Directeur du Centre National de Référence (CNR) des Fièvres Hémorragiques Virales (Lyon 7ème)