Stimuler électriquement une partie du cerveau améliore la mémoire. Une étude parue ce 29 août dans Science souligne les résultats encourageants de la simulation magnétique transcrânienne (SMT). En soumettant les zones supérieures du cerveau à un léger courant électrique, il est possible de booster le fonctionnement de l’hippocampe et des régions en charge de la mémorisation.
Des séances de 20 minutes
Dans le cadre de cette étude, l’équipe de l’Ecole de médecine Feinberg, affiliée à l’université Northwestern aux Etats-Unis, a recruté 16 adultes (21-40 ans) en bonne santé. Chacun s’est soumis à une imagerie anatomique détaillée de son cerveau, ainsi qu’à 10 minutes d’enregistrement de l’activité cérébrale. Les participants ont aussi participé à un test de mémoire, qui consiste à présenter plusieurs images en prononçant un nom commun. Les résultats ont servi de référence.
Partant du principe qu’il n’est pas possible de stimuler directement la zone clé de la mémoire, l’hippocampe, l’équipe a testé une approche indirecte. En stimulant les régions en surface, qui sont fortement reliées à l’hippocampe, ils ont observé l’impact sur celui-ci. Les 16 volontaires ont donc pris part à une séance de stimulation magnétique transcrânienne de 20 minutes, pendant 5 jours consécutifs. Au cours de cette semaine, mais aussi 24 heures après la dernière séance, d’autres IRM et tests ont été réalisés. Au moins une semaine après le test, les chercheurs ont organisé une seconde série de séance, avec une stimulation « placebo » cette fois.
Regardez le reportage réalisé par l’université Northwestern
Electric Current to Brain Boosts Memory from Northwestern News on Vimeo.
Une meilleure synchronisation
En moyenne, les participants soumis à la stimulation transcrânienne ont commis 30 % d’erreurs en moins, mais les résultats ne sont apparus qu’après 3 jours consécutifs de stimulation. « Ils se souvenaient de plus d’associations visage-mot après la stimulation qu’avant, ce qui signifie que leur capacité à apprendre s’est améliorée », se souvient Joel Voss, principal auteur de l’étude. « Plus certaines régions du cerveau fonctionnaient ensemble grâce à la stimulation, plus les gens étaient capables d’apprendre ces paires. » En effet, la SMT a amélioré la synchronisation des régions stimulées entre elles et avec l’hippocampe. C’est bien mieux que ce qu’aucun médicament n’a fait, précise Jane Wang, co-auteur de l’étude : « Aucun médicament ne peut être aussi spécifique que la stimulation transcrânienne sur ces réseaux mémoriels. »
La SMT, un chef d’orchestre symphonique
Cette découverte offre un nouvel espoir aux personnes souffrant de troubles de la mémoire après un AVC, un traumatisme crânien ou un arrêt cardiaque, mais aussi les malades à un stade précoce d’Alzheimer… ou tout simplement souffrant de pertes de mémoires liées au vieillissement. Car dans tous ces cas, le problème est similaire : les régions clés du cerveau et l’hippocampe ne fonctionnent pas en harmonie. La stimulation transcrânienne jouerait alors un rôle de chef d’orchestre symphonique en synchronisant mieux les échanges. « C’est comme si nous remplacions leur chef d’orchestre habituel par Muti », résume Joel Voss en référence au renommé chef d’orchestre Riccardo Muti. « Les régions du cerveau jouent mieux ensemble après la stimulation. »
Mais on reste à un stade précoce de la stimulation transcrânienne. « A ce stade, ce n’est pas un moyen de guérir un trouble du cerveau ou de la mémoire », avertit Joel Voss dans la vidéo. L’essai a jusqu’ici été mené chez des personnes bien portantes. La prochaine étape s’intéressera à des participants à un stade précoce de perte de mémoire. Mais il faudra encore de longues années avant de parvenir à un traitement efficace de la maladie d’Alzheimer.