Une alimentation plus saine serait-elle la clé pour lutter contre les gaz à effet de serre ? C’est ce que suggère une équipe britannique, qui publie dans Nature Climate Change une étude sur l’impact de l’alimentation sur le changement climatique. Il en ressort que l’agriculture durable n’est qu’une étape vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre. La plus importante se situe au niveau des consommateurs, qui consomment trop de viande et gaspillent trop.
Moins de viande rouge, peu de volaille
La sécurité alimentaire est menacée, établissent les auteurs de cette étude : d’ici 2050, jamais l’agriculture ne pourra nourrir les 9,6 millions de Terriens prévus. Plus inquiétant : à elle seule, elle pourrait atteindre les objectifs d’émission de gaz à effet de serre. Mais il est possible à chacun d’agir pour inverser la tendance, affirment les auteurs. Pour cela, il suffirait de réduire à la fois le gaspillage alimentaire et la quantité de produits animaliers (viande et produits laitiers) consommés. L’idéal serait que chacun adopte un régime équilibré et sain, à savoir deux portions de 85 g de viande rouge et 5 oeufs par semaine, ainsi qu’une portion de volaille par jour. La méthode idéale pour maintenir un poids normal et une bonne santé métabolique.
« Ce n’est pas un plaidoyer pro-végétarien radical; c’est un plaidoyer pour une consommation de viande en quantités raisonnables, dans le cadre d’un régime équilibré et sain », souligne le Pr Keith Richards, co-auteur de l’étude. « En gérant mieux la demande, par exemple en se concentrant sur une éducation sanitaire, on parviendrait à un double bénéfice : garder une population en bonne santé et réduire les pressions à risque sur l’environnement. »
Diviser par deux le gaspillage alimentaire
Ce que cette étude révèle, c’est que l’agriculture n’est pas la seule coupable. C’est la combinaison avec une culture de la surconsommation alimentaire qui pose problème. Ainsi, en optimisant le rendement des cultures et de l’élevage, on ne parviendrait qu’à limiter la hausse des émissions de gaz à effet de serre à 42 %. « Nous avons testé un scénario dans lequel nous parvenons à un régime équilibré - sans consommation excessive de sucres, de graisses et de produits animaux. Cela réduit significativement les pressions sur l’environnement », explique l’équipe. En effet, en associant le meilleur rendement à une division par deux du gaspillage alimentaire, les calculs estiment que les émissions de gaz à effet de serre ne progresseraient que de 2 %. Si on y ajoute un régime plus équilibré et sain, elles reculent de 48 %.
Se tourner vers une alimentation plus saine est urgent, pour des questions de santé, mais aussi pour l’environnement, insiste le Pr Pete Smith, co-auteur de l’étude : « A moins que nous ne consentions à de sérieux changements dans la tendance de consommation alimentaire, nous devrons complètement dé-carboniser les secteurs de l’énergie et l’industrie pour atteindre les objectifs d’émissions de gaz à effet de serre, et éviter un changement climatique dangereux. C’est pratiquement impossible, donc, en plus d’encourager une agriculture durable, nous devons re-penser la manière dont nous mangeons. »