Récemment, l'Organisation Mondiale de la Santé appelait les Etats à instaurer des mesures de prévention mieux ciblées, telles que des programmes complets pour les toxicomanes, avec un accès à des injections et des transfusions sanguines sécurisées. Ces recommandations faisaient écho à l’étude française AERLI de l'ANRS (1), qui préconise le recours à des sessions d’accompagnement à l’injection et de sensibilisation en salle de shoot. Ces travaux ont en effet montré que la prise de risque et les complications au site d'injection (abcès, infections) diminuent lorsque les consommateurs de drogue sont accompagnés par des pairs formés, pour pratiquer des injections plus sûres.
Des résultats auxquels le gouvernement a dû être sensible puisque le ministère de la Santé prévoit une expérimentation de salles de consommation de drogue à moindre risque (SCMR). Ces lieux verront ainsi le jour pendant une durée de six ans, selon l'avant projet de loi relatif à la santé dont l'Agence France Presse a obtenu copie.
Prévenir et réduire les risques de transmission des infections
Dans son article 8, le texte indique que « à titre expérimental et pour une durée de six ans », des centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour toxicomanes mettront en place un espace de consommation de drogues supervisée. « Dans cet espace, sont accueillis des usagers de stupéfiants et d'autres substances psychoactives, majeurs, qui apportent et consomment sur place ces produits, sous la supervision de professionnels de santé et du secteur médico-social », précise le texte.
Les auteurs indiquent aussi que cette expérimentation vise à « mettre en garde les usagers contre les pratiques à risques, à les accompagner et leur prodiguer des conseils sur les modalités de consommation des drogues, afin de prévenir ou de réduire les risques de transmission des infections et les autres complications sanitaires, sans que les professionnels participent aux gestes de l'injection. »
Une évaluation du dispositif six mois avant la fin du projet
Dans son exposé des motifs, le ministère rappelle par ailleurs que de telles salles existent dans plusieurs pays européens (Allemagne, Luxembourg, Espagne, Suisse) et que « leur bilan est positif pour protéger » les toxicomanes des risques sanitaires de l'injection. Ces salles ont aussi pour objectif de réduire les nuisances dans l'espace public, est-il écrit dans le texte.
Enfin, une évaluation de l'expérimentation aura lieu six mois avant la fin.
Dans l'attente, ce projet de loi doit être présenté en Conseil des ministres en septembre, pour un examen au Parlement début 2015. Les centres qui mettront en place ces salles de shoot seront ensuite désignés par arrêté du ministre chargé de la Santé.
Pour rappel, un centre de ce type devait voir le jour l'an dernier près de la gare du Nord à Paris. Il avait été reporté en octobre 2013 quand le Conseil d'Etat avait recommandé, en préalable à toute expérimentation, l'adoption d'une loi, afin d'assurer une meilleure garantie juridique au dispositif.
(1) Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales