En quelques mois, Ebola a fait plus de 1 500 morts, et pourtant, certaines personnes infectées continuent de refuser les soins. Pourquoi ? C'est ce que les organisations non gouvernementales tentent de comprendre. Et pour cela, elles se font aider par des anthropologues, comme nous l'explique La Croix. En effet, la peur du virus explique en partie ces attitudes, mais la réponse est un peu courte. « Ces refus sont parfois favorisés par certaines interventions au domicile des malades qui peuvent générer de la violence, explique Alain Epelboin, médecin et anthropologue au CNRS, dans les colonnes du quotidien. Le pire, ce sont ces secouristes qui débarquent en tenue de cosmonautes et qui, sans explication, demandent à emmener le malade. Tout en disant à la famille qu’elle n’a pas le droit de l’accompagner à l’hôpital, ni de venir le voir plus tard. »
Décrypter des codes sociaux ou culturels est donc un enjeu de taille pour casser la chaîne de transmission du virus. Par exemple, le rite funéraire consistant à toucher le corps pour que « le défunt parte sans regret » a souvent été pointé du doigt comme une pratique favorisant la transmission du virus. Les anthropologues le savent bien ; ils tentent donc de trouver des solutions pour que la culture soit préservée, mais la santé aussi. « Après le décès, on peut très bien mettre le patient dans un sac mortuaire hermétique et bien fermé pour éviter toute contagion, explique Alain Epelboin. Et le remettre à la famille pour qu’elle s’occupe elle-même de la cérémonie mortuaire. »
L'article de La Croix montre bien que la lutte contre Ebola ne se gagnera pas seulement sur le terrain de la médecine pure. D'autant que, comme le soulignent les journalistes Pierre Bienvault et Anaïs Brosseau, le problème, c'est qu'avec Ebola, il n'y a ni traitement ni vaccin, mais qu'il faut quand même se rendre au centre de soins. Cependant, cette épidémie de fièvre hémorragique ne fait pas exception à la règle. Toutes les épidémies charrient des croyances, des idées fausses. En Afrique, et ailleurs. Lors de l'épidémie de grippe H1N1, des rumeurs ont circulé sur la dangerosité supposée du vaccin, affectant grandement le taux de vaccination. Les rumeurs allaient bon train aussi lors de l'épidémie de coronavirus qui a touché le Moyen-Orient cet hiver. En Arabie Saoudite, on pouvait lire sur les réseaux sociaux qu'il fallait manger des yaourts, de l'ail et du gingembre pour se protéger du virus ! Cependant, « les travailleurs humanitaires dénoncent certaines approches tendant à présenter des sociétés figées dans leurs traditions », précise La Croix. Attention donc aux préjugés culturels ! Les sociétés confrontées à un tel choc peuvent évoluer et les humanitaires s'adapter...