L'épidémie d'Ebola continue sa progression en Afrique de l'Ouest. Le dernier bilan de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fait état de 1 900 morts et de 3 500 cas confirmés. Une semaine plus tôt, les compteurs affichaient 1 522 morts et 3 069 cas. Pourtant, dans son plan d'action contre le virus présenté la semaine dernière, l'OMS n'était pas optimiste quant à l'évolution de l'épidémie. « Le nombre réel de cas pourrait être entre deux et quatre fois plus important que celui rapporté. Le virus est susceptible de contaminer plus de 20 000 personnes », affirmait l'un de ses dirigeants. Un constat sombre mais qui pourrait être pire encore, selon d'autres experts.
Des chiffres effrayants
En effet, d'après les projections scientifiques du physicien Alessandro Vespignani (1) publiées dans Science, le nombre de malades pourrait attendre les 10 000 avant le 24 septembre, et des centaines de milliers dans les mois suivants. Le scientifique tempère toutefois ses prévisions en indiquant que ce modèle prend en compte le fait que les efforts pour stopper l'épidémie n'ont pas encore vraiment démarré.
Il s'agit en fait d'une prévision "possible" si rien de plus n'est fait pour endiguer l'épidémie. « Les chiffres sont vraiment effrayants », a-t-il confié dans cette revue. « Nous espérons tous que ce scénario ne se déroulera pas », a-t-il rajouté. Une prise de postion qui fait écho au cri d'alarme lancé, il y a quelqies jours, par Médecins sans frontières qui indiquait que « le monde est en train de perdre la bataille d'Ebola. »
Source: Alessandro Vespignani
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni pourraient être touchés
Par ailleurs, Alessandro Vespignani a aussi analysé la probabilité que le virus Ebola se propage à d'autres pays. En utilisant des données sur des millions de voyageurs aériens, il a estimé qu'en général, le risque de propagation au-delà Afrique de l'Ouest est faible. Le scientifique souligne cependant que ce risque d'extension à d'autres pays augmente avec l'ampleur de l'épidémie. Le Ghana, le Royaume-Uni, et les Etats-Unis sont parmi les pays les plus susceptibles d'avoir un cas isolé sur leur territoire, selon le modèle qu'il a mis en place. Nouvelle peu rassurante, le Sénégal, qui a signalé son premier cas d'Ebola la semaine dernière, faisait également partie de la liste des dix pays les plus à risques du physicien.
Alors, pour éviter ce scénario Alessandro Vespignani martèle que plus de moyens doivent être envoyés sur place. Il rappelle aussi que les populations d'Afrique de l'Ouest devront rapidement modifier leurs comportements. « Nous n'allons pas arrêter cette épidémie par la construction d'hôpitaux. Il faut un changement dans la façon dont la communauté s'occupe de la maladie. Par exemple, il est possible de diminuer la transmission du virus lors des funérailles. En évitant que les familles ne touchent le corps du défunt qui est très contagieux si celui est mort des suites d'Ebola », a-t-il conclu.
(1) Physicien à l'Université Northeastern à Boston