Il a fini par avouer. En garde à vue depuis mardi soir, un adolescent de Moernach, dont la sœur cadette de 11 ans a été assassinée, a finalement avoué être l’auteur du crime. Il aurait aussi blessé gravement son petit frère de 8 ans. Ce dernier a survécu mais son état reste critique.
Des propos incohérents
Le jeune homme de 15 ans se trouvait seul avec sa petite sœur et son petit frère, dans la maison familiale de ce village du Haut-Rhin, quand ce dernier a alerté l'une de ses voisines aux environs de 19 h. Il lui a affirmé qu’un rôdeur s'est introduit dans la maison. « Il tremblait, se sentait poursuivi, il voyait une ombre noire », a témoigné la voisine en question sur RTL. Interrogé par la police dans la journée suivant le drame, le frère aîné a réitéré la version du rôdeur. Mais les enquêteurs n’ont pas cru à son histoire, qu'ils ont jugée « laconique et confuse. » Le jeune homme a comparu devant un juge ce jeudi après-midi. Il a demandé une expertise psychiatrique.
Une possible schizophrénie
Qu’est-ce qui a bien pu pousser l’adolescent à commettre un tel acte de violence ? S’il s’agit bel et bien d’une maladie mentale, le psychiatre Roland Coutanceau, médecin psychiatre et expert près la Cour de cassation, ne voit qu’une seul diagnostic possible : la schizophrénie. « Ce crime pourrait correspondre à un cas classique d’entrée dans la schizophrénie. La maladie peut se manifester par un terrible accès de violence malgré l’absence totale de signes avant-coureurs », explique le spécialiste de la victimologie.
Ce n’est pas la première fois qu’un tel drame se produit en France : en 2009, un jeune homme âgé de 16 ans a tué ses parents et ses deux frères au fusil à pompe. L’adolescent, qui s'était plaint d'angoisses nocturnes un mois auparavant, a été jugé « irresponsable pour un trouble mental ayant aboli le discernement au moment des actes. » L’expertise psychologique de l’adolescent de Moernach pourrait aboutir à un résultat similaire, dans l’hypothèse où le garçon souffrirait d’une schizophrénie aggravée. Si celle-ci est plus légère, le garçon pourrait être jugé responsable de ses actes, car partiellement lucide au moment des faits.
Ecoutez le Dr Roland Coutanceau, médecin psychiatre spécialisé en victimologie et expert près la Cour de cassation : « Si le garçon souffre d’une maladie mentale, il faut d’abord évaluer l’intensité de cette maladie pour juger la responsabilité de ses actes. »
La schizophrénie est un trouble médical grave et chronique qui perturbe le système de transmission des messages dans le cerveau. Si ses causes demeurent inconnues, on sait qu'elle altère la capacité à agir de manière lucide. Peu à peu, elle entraîne une perte de sens de la réalité. Cette psychose touche environ 1 % de la population mondiale, et peut se manifester pour la première fois pendant l'enfance, mais elle survient surtout vers la fin de l'adolescence ou dans la vingtaine.