Marisol Touraine se veut rassurante pour les pharmaciens, actuellement très inquiets. Elle a déclaré « Les médicaments ont un prix fixé par la négociation avec l'Etat, avec mes services. Ce qui est important, c'est de garantir la sécurité des médicaments et faire en sorte que les Français consomment moins de médicaments. Je ne suis pas favorable à une évolution de ce type-là ».
Mais les pharmaciens savent que la bataille est loin d’être gagnée. « L’arrivée d’un nouveau ministre de l’Économie - Emmanuel Macron - qui conserve une partie du précédent cabinet, la décision du gouvernement d’aller très vite, nous confirment qu’aucune des pistes contre les pharmacies ne sont écartées du futur projet de loi », affirme, de son côté, l'Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine (USPO). Ces pharmaciens ont l'intention de s’engager dans « une action efficace et comprise par l’opinion publique. » Avec comme premier cheval de bataille, la défense sans relâche du monopole officinal sur les médicaments.
Des médicaments de prescription obligatoire en grande surface ?
Tout d'abord, ce syndicat s'inquiète de l'attitude des lobbyistes de la grande distribution « qui cherchent à faire plier le gouvernement. » En tentant par tous les moyens « de mettre fin au monopole officinal sur tous les médicaments en accès libre. » Mais ce n'est tout, selon l'USPO. « Ils proposent même d’organiser le système de santé en France en demandant la vente des médicaments de prescription médicale obligatoire et l’embauche de médecins salariés. Michel-Edouard Leclerc se voit-il déjà ministre de la santé ? », questionne ironiquement le 2ème syndicat de pharmaciens en France.
Par ailleurs, ces professionnels de santé demandent au gouvernement de retirer la pharmacie du projet de loi sur les professions réglementées « en raison du risque économique fatal pour plus de 5 000 officines », si ce secteur s'ouvrait à la concurrence. « On ne peut pas faire porter les plus gros efforts d’économies sur les médicaments remboursés et casser en plus l’activité qui n’est pas prise en charge par l’assurance maladie », est-il écrit dans le communiqué de l'Union.
Vers un blocage de l’approvisionnement de la chaîne du médicament ?
Résultat, l’USPO propose un plan d’action immédiat, avec des mesures chocs. Le syndicat demande ainsi à tous les pharmaciens d’être « solidaires, unis et réactifs. »
D'une part, en informant leurs patients : « Vous allez recevoir une affiche et une pétition ; les patients doivent comprendre les raisons de notre mouvement de protestation et nous soutenir. »
D'autre part, en avertissant leur Agence Régionale de Santé de la prochaine action phare qui pourrait être menée si le conflit perdure : « A partir du 25 septembre, envoyez leur un courrier en indiquant que vous ne ferez plus les gardes de nuit les dimanches et les jours fériés », propose l'USPO.
Et comme dernière proposition, le syndicat a décidé d'aller encore plus loin, en appelant aussi les pharmaciens « à fermer leur officine durant une journée la semaine du 6 octobre. Et si le gouvernement persiste dans son projet, d’autres journées de fermeture auront lieu avec un blocage de l’approvisionnement de la chaîne du médicament », conclut-il.
Un autre syndicat de pharmaciens, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), prévient que les vitrines des officines et les contacts avec la population seront utiilsés tout au long de l’examen du projet de loi.