Le ver planaire, vous connaissez ? Cet animal inconnu du grand public pourrait bien devenir une star. Des chercheurs français du CNRS et de l'Inserm ont en effet découvert que le planaire Dugesia japonica – c'est son nom – était résistant à 17 bactéries « pathogènes voire mortelles pour l'homme ». Leur étude publiée ce 10 septembre dans la revue Cell Host And Microbe, relayée par l'AFP et de nombreux médias, ouvre en effet des perspectives : ce ver plat pourrait, à l'avenir, nous aider à combattre la tuberculose, ou encore le staphylocoque doré. « Le planaire n'est utilisé habituellement que dans les études sur la reconstitution des tissus car cet organisme est immortel. Si vous le coupez en 10 fragments, cela vous donne 10 nouveaux vers », a déclaré Eric Ghigo, directeur de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), à l'AFP.
Là, pour la 1ère fois, des chercheurs ont voulu savoir si ce ver hors norme pouvait nous protéger contre la tuberculose, mais aussi la légionellose, la salmonellose ou encore la listériose. Une démarche inédite qui a été payante, puisque non content d'être incapable de mourir de vieillesse, ce petit ver plat aurait un système immunitaire hors du commun. Pour comprendre comment le Dugesia japonica se défendait, les chercheurs ont étudié les gènes exprimés par le planaire suite à l'infection par des bactéries pathogènes pour l'homme telles que M. tuberculosis, le staphylocoque doré et l'agent de la légionellose. Ils ont ainsi identifié 18 gènes qui lui confèrent une résistance à ces agents pathogènes, et tout particulièrement l'un d'entre eux, MORN2. Or, ce dernier est aussi présent dans le génome humain.
Les chercheurs ont donc surexprimé ce gène dans des macrophages humains. Résultat : les globules blancs « dopés » au MORN2 ont réussi à se débarrasser de ces bactéries mortelles qui résistent actuellement à tous les antibiotiques. En fait, « MORN2 favorise la séquestration de M. tuberculosis dans une cavité intracellulaire où la bactérie est détruite », précise le CNRS dans un communiqué. A l'heure où les bactéries multirésistantes font l'objet d'alertes en tout genre, cette découverte ouvre des horizons, jusqu'alors dramatiquement bouchés. Selon Eric Ghigo, cette avancée pourrait conduire à des essais cliniques sur l'homme d'ici « 10 à 15 ans ».