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Aides en Ile-de-France

Sida : une campagne pour toucher les 30000 séropositifs qui s'ignorent

Par Bruno Martrette

Pendant un mois, les militants franciliens d'AIDES vont investir, gares, lieux de rencontre... pour proposer un test de dépistage rapide du sida. 30 000 Français vivent sans savoir qu'ils sont séropositifs.

Capture d'écran : affiche de la campagne 2014 de l'association Aides

L'été est propice aux nouvelles rencontres, et la rentrée un moment idéal pour faire le point. L'association de lutte contre le sida, AIDES, va donc organiser du 15 septembre au 11 octobre partout en Ile-de-France un mois du dépistage. L'objectif annoncé de ces militants : banaliser le test du VIH en l'inscrivant dans le quotidien des publics les plus exposés. 

« Si tu ne viens pas au dépistage, le dépistage viendra à toi ! »
Pour réussir à toucher ces populations (prostituées et leurs clients, toxicomanes, migrants de l'Afrique subsaharienne...), les militants d' AIDES n'ont qu'un slogan : « Si tu ne viens pas au dépistage, le dépistage viendra à toi ! » Ils investissent donc à partir de ce lundi quartiers, gares, lieux de rencontre, foyers et commerces pour proposer un test rapide au plus près des habitudes de vie de ces personnes.
Cela grâce à une goutte de sang prélevée au bout d’un doigt avec un Test Rapide d’Orientation Diagnostique (TROD). Ce test permet d’avoir un résultat en 30 minutes maximum. Il est totalement fiable trois mois après une prise de risque VIH. A titre de comparaison, un test « classique » (par prise de sang) est fiable 6 semaines après le risque. De plus, le TROD est peu contraignant car il peut être effectué à n’importe quel moment, que l’on ait mangé ou pas.
Du fait de ces avantages, il attire ainsi de plus en plus de monde. Surtout des gens qui jusqu'à présent ne se faisaient jamais dépister. Sur les près de 42 000 tests de ce type réalisés en 2013 par AIDES, 30 % des personnes n'avaient jamais fait de test auparavant. 
Malheureusement côté résultats, ce sont encore les populations les plus vulnérables qui restent les plus touchées. En 2011, 2 400 hommes gays et bisexuels ont découvert leur séropositivité, ce qui représente 40 % de l’ensemble des découvertes en France (Source : InVS).
Pour cette raison, ces populations restent bien évidemment la cible première de ces dépistages. Bruno Spire, président de Aides, rappelle néanmoins que ce mois de dépistage concerne la population générale. « Contrairement à ce que beaucoup pensent le sida n'est pas une maladie que de jeunes. L'infection à VIH touche toutes les personnes qui ont une activité sexuelle et il n'y pas d'âge pour ça. » 

Ecoutez Bruno Spire, président de Aides : « On accueille bien sûr tout le monde. Quand on a un doute, il ne faut pas hésiter à faire ce test. »


Le dépistage généralisé ne convainc pas
Mais en pratique, ce dernier message a encore du mal à passer au sein de la population françaises. Selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié en avril dernier, l’élargissement des recommandations pour inciter toute la population au dépistage n’a permis qu’une hausse de 5 % des tests réalisés depuis 2010.
Les seniors ont par exemple tendance à bouder le dépistage. Pourtant, ces derniers ne sont pas moins à risques contre le VIH.
« Les personnes âgées de 50 ans ou plus au moment du diagnostic représentent une part croissante des découvertes de séropositivité (19 % de l’ensemble des diagnostics en 2012 et 30 % chez les hommes hétérosexuels) », soulignaient en effet les auteurs de ce même Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Ils soulignaient que dans cette tranche d’âge, « le diagnostic est souvent tardif, à des stades avancés de l’infection, qui se manifeste déjà par des signes cliniques. La faible perception du risque de contamination par le VIH dans cette génération qui a découvert la sexualité avant l’arrivée du Sida pourrait expliquer leur faible recours au préservatif et au dépistage. »

30 000 Français sont séropositifs sans le savoir
Face à ce type d'attitude, le président de AIDES rappelle qu'environ « 30 000 personnes en France sont porteuses du VIH sans le savoir. » Ces personnes seraient à elles seules responsables de 60 % des nouvelles contaminations, soit près de 3 600 par an. Bruno Spire rajoute à cela que « se faire dépister c'est donc se sauver la vie, mais aussi sauver celle des autres. »
Et ce constat est d'autant plus rageant qu'à l'heure actuelle toutes les études montrent qu'une personne séropositive bien traitée ne transmet plus le virus. « Un accès facilité au dépistage est LA clé pour endiguer sa propagation », résume Bruno Spire.

Ecoutez Bruno Spire : « Quand on a des conduites sexuelles à risques, c'est bien de se dépister. Mais il faut aussi se retester régulièrement. »



L'Ile-de-France, région métropolitaine la plus touchée.
Enfin, pour ceux absents de l'Ile-de-France en cette rentrée, ou qui vivent en province, l'association AIDES souligne qu'elle pratique des dépistages toute l'année, et partout en France.
Elle indique néanmoins qu'organiser un tel événement en Ile-de-France répond à un contexte épidémiologique bien particulier. La prévalence du VIH dans Paris et sa banlieue est en effet trois fois supérieure à la moyenne nationale, et les populations les plus vulnérables y sont particulièrement représentées.
« L'enjeu est donc de taille. Alors n'attendez plus : consultez le programme et retrouvez vite le lieu de dépistage le plus proche de chez vous », conclut Bruno Spire.