Le système de vaccination doit évoluer. C’est ce que conclut le Haut Conseil de Santé publique (HCSP) dans son dernier avis. Il se positionne clairement en faveur des vaccins obligatoires, mais il estime qu’ils doivent être gratuits et plus nombreux.
La vaccination est « l’action de santé publique la plus efficace », juge le HCSP en préambule de son avis. Elle a fourni des résultats indéniables : depuis 1989, la France n’a pas connu de cas autochtone de poliomyélite. Le tétanos, lui, n’a fait que 36 victimes entre 2008 et 2011. Pourtant, seules la France et l’Italie maintiennent l’obligation vaccinale parmi les pays industrialisés.
Ajouter le ROR aux vaccins obligatoires
Cette situation à contre-courant n’empêche pas le Haut Conseil de la Santé publique de se prononcer en faveur de l’obligation vaccinale. C’est aussi l’avis de 56 % de la population générale et 42 % des médecins, justifie-t-il. Il souhaite même élargir la liste des vaccins obligatoires et ajouter le ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole) aux vaccinations diphtérique, tétanique et poliomyélitique.
Un obstacle de taille s’oppose à la levée de l’obligation vaccinale, poursuit le HCSP. Deux enquêtes de l’Institut de Veille sanitaire (InVS) et de l’Institut de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) révèlent qu’en cas de levée, 21 % de la population générale s’interrogerait sur le bien fondé de la vaccination. Côté médecins, 83 % des généralistes et 90 % des pédiatres insisteraient pour que les parents vaccinent… mais 15 et 9 % d’entre eux leur laisseraient la possibilité de ne pas vacciner. « La crainte d’une chute de la couverture vaccinale apparaît aujourd’hui comme la principale raison du maintien d’un régime d’obligation », conclut le HCSP.
Le paradoxe de l’obligation vaccinale
Malgré ses bienfaits évidents, la vaccination obligatoire est composée de paradoxe. Depuis 1964, aucune nouvelle obligation n’a été établie, alors même que certaines maladies à vaccination « recommandée » représentent « un fardeau comparable voire plus important que celui pour lesquelles la vaccination est obligatoire », observe le HCSP. Il cite en exemple l’hépatite B - avec 1 300 décès annuels par cirrhose ou cancer du foie - et le papillomavirus humain - qui cause chaque année 1 000 décès par cancer du col de l’utérus.
D’autre part, l’existence même d’une « obligation » dévalorise les « recommandations » aux yeux de la population générale : 53 % des personnes interrogées estiment que les vaccins recommandés sont moins importants que ceux obligatoires. Sans compter que les vaccins combinés associent dosages recommandés et obligatoires… ce qui complique encore la situation.
« Le HCSP considère que le dispositif public de vaccination actuel est complexe, illisible et inégalitaire », conclut l’avis du HCSP. Complexe parce que de nombreuses structures peuvent vacciner, illisible parce qu’« un même vaccin peut bénéficier d’un régime indemnitaire différent selon qu’il a été administré dans le cadre de l’obligation vaccinale ou de la recommandation » et inégalitaire parce que la prise en charge varie selon les départements, populations et vaccins. Il faut donc simplifier et « réorganiser l’offre publique de vaccination. » Pour cela, le Haut Conseil recommande que les vaccins inscrits au Calendrier vaccinal soient non seulement gratuits, mais aussi pris en charge intégralement par l’Assurance maladie. Il réclame aussi une meilleure information sur les centres publics de vaccination et leur offre, à savoir l’ensemble des vaccins inclus dans le Calendrier vaccinal.