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Somnifères : vers une baisse du remboursement

Par Cécile Coumau

« Intérêt thérapeutique limité », « service médical rendu faible »... La Haute Autorité de Santé (HAS) a passé au crible sept somnifères et son avis est sans appel. Par conséquent, il faudrait passer le remboursement des benzodiazépines à visée hypnotique de 65 % à 15 %. La Croix revient sur cette préconisation de la HAS publiée en plein cœur de l'été, notamment parce que la semaine dernière, des chercheurs de l'Inserm ont mis en évidence un lien entre la consommation de somnifères pendant plus de trois mois et le développement de la maladie d'Alzheimer.


Mais cette étude ne fait que s'ajouter à la longue liste de celles qui mettent en évidence les effets secondaires de ces médicaments que les Français consomment sans modération. Risques de baisses de vigilance, de troubles du comportement, de chutes... Et face à ces risques, les bénéfices sont faibles, estime la HAS. « Ils peuvent certes favoriser l’endormissement mais, en moyenne, ils permettent de gagner seulement une heure de sommeil. Un patient qui dort cinq heures dormira six heures avec un médicament », explique, dans les colonnes de la Croix, Jean-Patrick Sales, directeur délégué de l'évaluation à la HAS.


Autrement dit, il est grand temps de se conformer aux recommandations et de ne les prescrire que pour de courtes périodes. Or, la durée d’utilisation des benzodiazépines est en moyenne de 4 à 5 mois, certains en prennent même pendant six ans sans interruption ! Les prescripteurs, et tout particulièrement les médecins généralistes, sont donc directement montrés du doigt. Mais, ces derniers se défendent. « Tous les jours ou presque, nous voyons des patients qui n’arrivent pas à dormir, parce que leur vie ne va pas bien, explique le Dr Claude Leicher, président du syndicat MG France. Leur couple, leur boulot, le chômage, la peur du licenciement… Nous, on fait ce qu’on peut, mais, au bout d’un moment, on est obligé de délivrer des somnifères, parfois de manière répétée. » En colère, ce dernier ajoute : « Vous savez, parfois, on prescrit parce qu’on se dit que, sinon, le patient va finir par faire un geste de désespoir. Et que notre rôle, c’est de l’aider pour qu’il ne coule pas définitivement. »


Si la baisse du remboursement des somnifères se justifie au vu du bénéfice apporté par ces médicaments, reste à savoir si l'application de cette mesure aurait un quelconque effet sur la consommation abusive de benzodiazépines. Peut-être à la marge, chez ceux qui n'ont pas les moyens de se payer une mutuelle, et encore des séances de thérapie cognitivo-comportementale, qui constituent une alternative aux médicaments. Or, ces plus précaires sont aussi souvent ceux qui dorment mal parce que « leur vie ne va pas bien », comme le dit le Dr Claude Leicher...