Environ 10 000 enfants naissent chaque année en France grands prématurés. Un peu plus de 1% des naissances dites « vivantes » surviennent ainsi avant la limite des 33 semaines d’aménorrhée. Une période à hauts risques de troubles du développement comme l’ont récemment montré les résultats de la première enquête Epipage.
Menée en 1997 dans neuf régions françaises auprès d’une population représentative de plus de 2300 grands prématurés, cette étude inédite en France a permis d’en savoir plus sur le devenir de ces enfants. Selon l’âge gestionnel, les chances de survie variaient énormément : de 0% à 97% entre 22 et 32 semaines. Dans le cas d’un prématuré né à la 25e semaine de grossesse, à l’image du bébé placé en réanimation aux CHU de Poitiers, le pronostic s’élève à 50%. Tandis que les parents de ce nouveau-né ont dénoncé un certain « acharnement thérapeutique » des équipes médicales, l’étude Epipage révèle que sur l'ensemble des décès, la moitié survient après une décision médicale de limitation de soins. D'où la prudence de l'équipe médicale de l'établissement qui a maintenu l'enfant en réanimation, préférant « prendre un peu de recul pour ne pas prendre une décision trop rapide dans un fort contexte émotionnel ». Arrivés à l’âge de 5 ans, quatre prématurés sur dix présentaient un trouble moteur, un retard intellectuel ou une déficience sensorielle, contre 12% chez les bébés témoins de l’étude nés à terme.
Scolarisation plus difficile
Même chez les enfants nés indemnes de tout handicap, les difficultés comportementales, les troubles neurologiques fins et des apprentissages s'avéraient fréquents. A l’âge de 8 ans, la quasi totalité des enfants suivis étaient scolarisés, à 95% en classe ordinaire. Mais parmi ces derniers, 18% avaient redoublé au moins une fois contre 5% des enfants nés à terme. Pour l’équipe de chercheurs de l’INSERM qui a mené ce travail, « ces résultats soulignent les problèmes de prise en charge à la naissance de ces enfants, mais plus encore les besoins de suivi et d’évaluation des interventions proposées au cour de la petite enfance ».