Douze ans après la mise en place des 35 heures à l’hôpital, les effets sont délétères. « Si les besoins des patients et la présence au travail ont évolué, les organisations de soins sont restées les mêmes, générant une tension grandissante dans les services », et ce souvent au détriment des patients, affirme la Fédération hospitalière de France (FHF), qui représente les établissements publics du secteur médico-social.
Présentée ce matin aux membres de la commission d’enquête parlementaire sur l’impact de la réduction progressive du temps de travail, une étude de la Fédération menée auprès de 150 établissements démontre que le casse-tête de la réglementation a sans conteste renforcé la pénurie de temps médical dans les établissements publics.
Ainsi, 24 % des postes de praticiens hospitaliers temps plein et 41% des postes de praticiens à temps partiel sont aujourd’hui vacants. « Pour certains établissements, et certaines spécialités telles que la radiologie ou l’anesthésie, cette situation est devenue extrêmement problématique », avec comme conséquence un risque de détérioration de la qualité du travail et par ricochet, de l’offre de soins. Si la création de postes médicaux et non médicaux s’est avérée insuffisante pour compenser la baisse du temps de travail, elle a par ailleurs généré une « augmentation sans précédent de la masse salariale » : plus de 30% entre 2002 et 2012.
Limiter à 15 jours de RTT par an
« Les gestionnaires hospitaliers ont affaire à un bureaucratisme de plus en plus marqué. Ce que l’on souhaite, c’est leur redonner de la souplesse nécessaire afin de caler l’organisation du temps de travail à l’organisation de l’offre de soins », a déclaré ce jeudi Frédéric Valletoux à l’Assemblée nationale.
Pour sortir de l’impasse, la FHF propose de plafonner les RTT à 15 jours par an, mais aussi de créer « une stratégie territoriale » dans laquelle les établissements hospitaliers d’une même zone définiraient ensemble « de nouvelles règles et de nouvelles organisations » tenant compte des spécificités locales.
Pour le président de l'organisation, il faut pouvoir « questionner la présence des soignants à l’hôpital sur certaines périodes de la journée » afin de mieux faire face aux pics d’affluence dans les services. « Depuis 12 ans, les organisations internes des établissements de santé reposent sur une structuration horaire des journées de travail : on planifie le temps de travail et ensuite on planifie les prises en charge. Recentrer les organisations de travail sur la prise en charge du patient est devenu aujourd’hui une nécessité absolue », souligne Frédéric Valletoux.