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"Laisser partir" Titouan

Par Philippe Berrebi

Les médecins l’avouent sans détour, c’est sans doute l’une des décisions les plus délicates pour les équipes confrontées à ce type de situation : accompagner la fin de vie d’un être humain venu au monde quelques jours plus tôt. Après près d’une semaine d’un tourbillon médiatique, les médecins du CHU de Poitiers ont annoncé qu’ils s’engageaient dans un processus « d’accompagnement de fin de vie » du petit Titouan, un grand prématuré né le 31 août dernier à 25 semaines de grossesse et pesant 900 grammes.

Cette décision, prise en accord avec la famille, met un terme aux divergences de ces derniers jours entre l’équipe soignante et les parents. Ces derniers avaient dénoncé « l’acharnement thérapeutique » et redoutaient, rappelle la presse ce matin, des risques de graves séquelles après une hémorragie cérébrale importante pour l’enfant.
Les médecins, eux, s’étaient inscrits dans un protocole médical classique dans lequel un suivi de l’évolution de l’état du bébé pendant plusieurs jours associé à une consultation d’un groupe extérieur de réanimateurs précède toute décision.

Alors, l’émotion a-t-elle pris le pas sur la raison médicale ? La médiatisation  « n’a pas eu d’impact sur le processus, répond au Figaro le Pr Fabrice Pierre, chef du pôle mère-enfant du CHU. Ces dernières semaines, nous étions déjà dans une démarche de maintien, sans acharnement ». Et si les médecins ont pris la décision de « laisser partir », c’est, disent-ils, parce que « l’état de l’enfant s’est dégradé ces dernière heures ».

Après l’histoire de Vincent Lambert, celle du petit Titouan rappelle combien la question de la fin de vie est un processus délicat, surtout lorsqu’il est porté en place publique. Qu’une loi aussi aboutie soit-elle ne peut pas répondre de manière appropriée à toutes les situations ; que le maintien du dialogue entre les proches et les médecins reste déterminant dans le cheminement d’une décision terrible.