La dispense d'avance de frais, aujourd'hui pratiquée essentiellement chez le pharmacien, devrait être élargi aux consultations de secteur 1 pour tous les assurés d'ici 2017, et pour les bénéficiaires de l'aide à la complémentaire santé (ACS) en 2015. C'est ce que prévoit le projet de loi santé de la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, qui doit être présenté prochainement.
Et ce dispositif bientôt effectif semble séduire les Français. Selon un sondage (1) révélé vendredi dans le Parisien et réalisé par OpinionWay pour le syndicat de médecins libéraux SML, deux Français sur trois approuvent le tiers payant généralisé. Le dispositif déplaît par contre aux médecins.
Tiers-payant : les médecins libéraux sont contre
Ces derniers y sont en effet très majoritairement opposés (95 %). Le SML, comme d'autres syndicats, est opposé à cette mesure qui, selon lui, favorisera « probablement une surconsommation de soins médicaux sans améliorer l'accès aux soins pour ceux qui en ont besoin ».
Un point de vue que ne partage pas l'Institut spécialisé en économie de santé pour qui la dispense d'avance des frais pour les patients ne serait pas inflationniste.
« Avec le tiers payant, on a une augmentation du recours au système de soins mais cela ne pousse pas l’assuré à consommer plus », affirmait au mois de juin dernier Yann Bourgueil, Directeur de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES).
Le médecin traitant, une contrainte pour les professionnels
Par ailleurs, les Français ont aussi été interrogés sur le médecin traitant, dispositif qui devrait être élargi aux moins de 16 ans. Ils estiment ainsi qu'il devrait être assoupli (73 %), mais jugent cependant qu'il est un élément essentiel du parcours de soins coordonnés (69 %) et a permis un meilleur suivi (62 %) des patients.
Les médecins se montrent pour leur part plus sévères sur l'efficience du dispositif, seuls 42 % d'entre eux jugeant qu'il a permis un meilleur suivi. Pour 78 % des praticiens, la mise en place du médecin traitant est une contrainte pour la consultation de certains spécialistes.
Carnet de santé informatique : les Français sont "pour"
Enfin, la relance du dossier médical personnel (carnet de santé informatique) facilitera le travail des professionnels de l'avis de neuf personnes interrogées sur dix. Il permettra une meilleure pris en charge des patients, selon eux (89 %).
Ces derniers pensent aussi qu'ils constituent en outre un élément essentiel du parcours de soins coordonnés (89 %) et représente une source d'économies pour la Sécu (73 %).
Les médecins eux sont plus sceptiques. Ils pensent que cet outil ne facilitera pas leur travail (44 %) et n'apportera pas nécessairement d'économies (59 %).
(1) Le sondage a été réalisé en ligne du 21 août au 2 septembre auprès d'un échantillon de 1 068 personnes et de 1 330 médecins libéraux