Confortablement assis dans un grand fauteuil, vous regardez les clichés d’IRM que vous commente votre neurologue sur une tablette tactile. Puis vous déplacez votre fauteuil jusqu’à une petite table où vous pouvez déjeuner avec votre conjoint venu vous rendre visite. Pour dormir, vous n’aurez qu’à basculer votre fauteuil en position allongée et l’encastrer dans la tête de lit prévue à cet effet. Quant à votre visiteur, si besoin, il lui suffira de déplier la petite banquette sur laquelle il est assis pour la transformer en lit d’appoint et rester dormir à l’hôpital.
Ne cherchez pas, cette chambre idéale baptisée Concept Home n’existe pas encore dans les hôpitaux français. Son premier prototype est dévoilé aujourd’hui au salon Hôpital Expo, qui se tient jusqu’au 25 mai à Paris. Elle est l’œuvre d’une trentaine de PME du Nord-Pas de Calais, regroupées au sein du Clubster Santé.
Leur objectif était de montrer en grandeur nature que leurs innovations permettaient à la fois de faciliter les soins et d’améliorer la qualité de vie de la personne hospitalisée. « Quand on regarde les chambres d’hôpital d’aujourd’hui, elles ne diffèrent pas beaucoup de la salle commune des hospices de Beaune. On a simplement ajouté des cloisons. La priorité reste les soins », explique le Dr Marc Broucqsault, conseiller technique du Clubster Santé. « Grâce aux progrès de la médecine et des techniques, on peut maintenant garantir la même qualité de soins et même l’améliorer tout en ayant le bien-être du patient comme principale priorité ».
Dr Marc Broucqsault, conseiller technique du Clubster Santé : « Le patient reste allongé le moins longtemps possible »
L’avantage médical est certain puisque le risque de certaines complications liées à l’alitement comme les phlébites ou les escarres est réduit. Pour les soignants, il est possible de surélever la position lit jusqu’à la hauteur la plus adéquate pour éviter des maux de dos. Pour les brancardiers, c’est la position fauteuil qui simplifie les déplacements dans les couloirs encombrés. Quant au patient, non seulement il n’est plus obligé de rester allongé inutilement mais le gain d’autonomie est tel qu’il peut accéder à la salle de bains assis dans son fauteuil pour pouvoir s’y laver seul.
Ce passage à la position assise favorise aussi la préservation du lien social entre le malade et ses proches, ce qui joue un rôle important dans de nombreuses pathologies.
Dr Marc Broucqsault : « La chambre est conçue pour pouvoir accueillir un visiteur y compris s’il reste la nuit »
Outre la modularité du mobilier, les technologies de l’information sont également mises à contribution. Pour la qualité des soins grâce au dossier médical consultable sur une tablette de chevet mais aussi pour le patient qui peut profiter de la technologie Kinect des consoles de jeu et allumer la télévision par simple détection de mouvement. Certains pourraient bien prendre goût à cette chambre futuriste…
Afsané Sabouhi
Du prototype à l’industrialisation
« A l’achat, la Concept Room devrait coûter environ 20% de plus qu’une chambre hospitalière classique. Mais le retour sur investissement se fait dès la première année », chiffre Marc Broucqsault. Cette chambre innovante permet en effet de réduire la durée d'hospitalisation, un avantage non négligeable pour des hôpitaux régis par la tarification à l'activité et non à la durée de séjour. Les PME nordistes ont donc beaucoup d’ambitions pour leur Concept Room. D’autant qu’elle est proposée en entier ou par modules. Le CHRU de Lille, partenaire de la première heure, a déjà commandé 3000 banquettes-lits pour les visiteurs tandis que l’hôpital belge de Charleroi a passé commande pour 1000 chevets numériques. Fort de cette modularité, le Clubster santé espère également convaincre les maisons de retraite de parier sur l’innovation française.