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Tiers payant généralisé

Santé : Marisol Touraine face à la colère des médecins

Par David Bilhaut

Mesure phare du projet de loi de santé du gouvernement, la généralisation du tiers payant n’est toujours pas du goût des médecins qui redoutent notamment un impact sur leurs honoraires.

LCHAM/SIPA
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Alors que se tient jusqu’à dimanche à Lille le congrès annuel de la principale organisation syndicale de médecins libéraux (CSMF), Marisol Tourraine, ministre de la Santé et des Affaires sociales, s'est rendue vendredi soir en terrain miné pour défendre son projet de loi de santé.

En ouverture de la 20e université d’été de la Confédération des syndicats médicaux français, elle est notamment revenue sur un sujet qui fâche, à savoir la généralisation du tiers payant. Cette réforme doit « permettre aux personnes de ne plus reporter leurs soins ou de ne plus y renoncer pour des raisons financières », a souligné la ministre.
Actuellement, 35% des actes de médecine de ville sont réglés par le biais du tiers payant. Et pour les médecins libéraux, cela semble déjà assez. « Nous estimons que le tiers payant social tel qu’il se pratique dans la convention médicale et pour les actes lourds est une réponse suffisante », a répondu le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, faisant référence aux personnes les plus précaires concernées par les dispositifs de couverture maladie universelle (CMU) et d’aide à la complémentaire santé (ACS).

De son côté, Mariosl Touraine a rappelé aux médecins que les cas de renoncement de soins pour des raisons financières ne concernent pas seulement les personnes en dessous du seuil de pauvreté (à savoir 982 euros par mois). « Il y a aussi des gens qui ont des revenus supérieurs à cela et qui ont des difficultés pour boucler les fins de mois. Je ne me résous pas à l’idée que ces personnes retarderaient leur visite chez le médecin libéral pour se faire soigner », a insisté la ministre. Tout le monde n'ayant pas forcément l'envie, ni le temps de se rendre à l'hôpital dans un service d'urgence pour bénéficier du tiers payant.

L'impact financier de cette mesure
Les médecins libéraux de la CSMF doutent également de la faisabilité technique de ce tiers payant généralisé. Marisol Touraine le conçoit volontiers : le « défi technique » du dispositif sera « très important ». Toutefois, lselon elle, es médecins seront « étroitement associés aux choix structurants de cette réforme ».

Mais ce que craignent par dessus tout les praticiens libéraux, c’est l’impact financier de la mesure. « La consultation (en médecine générale) est à 23 euros. (…) Demain, si vous imposez la généralisation du tiers payant, il faudra l’amputer de frais de gestion de 2 euros 50 par acte. (…) Le tiers payant se traduira-t-il par une baisse du tarif des consultations déjà si bas dans notre pays ? Cela, nous ne pouvons l’accepter !  », a martelé le président de la CSMF. Marisol Touraine, s’est voulue plutôt rassurante sur ce point : « Je veux que les risques de trésorerie ou de charge administrative soient totalement maîtrisés, tant pour les médecins que pour les organismes payeurs », ia-t-elle répondu mais sans rentrer dans les détails.

De son côté, le syndicat des médecins libéraux (SML), l'autre organisation représentative, a appelé les praticiens à dénoncer la convention médicale qui régit les rapports entre le corps médical et l'assurance maladie.

« Face à la volonté d’étatiser notre système de santé, a expliqué le Dr Roger Rua, président du syndicat, le SML demande que la convention médicale soit dénoncée sans délai et appelle tous les syndicats à le rejoindre dans cette action, afin de provoquer de nouvelles négociations et sauver le système conventionnel ».