Les chiffres sont alarmants. Une étude, publiée dans le journal en ligne PLoS Outbreaks prédit une hausse des nouveaux cas d’Ebola, dont le nombre s’établirait à 6800 d’ici seulement un mois si aucun nouveau plan sanitaire n’est engagé. Depuis le début de l'épidémie, soit un peu plus de huit mois, le virus a fait 2622 morts sur 5335 cas avérés.
Pour parvenir à de telles prévisions, les chercheurs de l’Université d’Arizona et de l’Université d'Harvard ont utilisé les méthodes agréées par l’Organisation Mondiale de la Santé, et appliquées depuis le début du mois de septembre. Les analyses se fondent sur des données locales. L’étude a été financée par l’Institut National de la Santé américain.
La quarantaine mise en cause
Les chercheurs notent une hausse exponentielle des cas détectés au Libéria et en Guinée pendant le mois d’août, alors même que ces pays mettaient en place des mesures drastiques de mise en quarantaine de la population.
Selon l’étude, le confinement de la population à domicile aurait en réalité aggravé la situation. Dans les zones concernées, les conditions de vie et l’hygiène se seraient très fortement dégradées, accélérant la transmission du virus entre les habitants.
Hier, la Sierra Leone a annoncé la mise en quarantaine de ses six millions d’habitants, une mesure controversée qui a déclenché des émeutes deux semaines plus tôt au Libéria. Un diaporama du photojournaliste John Moore permet de réaliser les conditions de vie dans les centres de quarantaine.
Certaines associations s’alarment également des risques liés au confinement. Action Contre la Faim (ACF) a ainsi produit un communiqué pour rappeler que « par le passé, pour d'autres crises épidémiques comme celles du choléra ou de la peste, l'expérience a montré que les mesures de quarantaine et les embargos pour empêcher la circulation des personnes et des marchandises étaient non seulement inutiles mais créaient des conditions favorables à des crises socio-économiques majeures ».
Un virus plus contagieux
« D’autres raisons pourraient aussi expliquer cette hausse des nouveaux cas. Il est possible que le virus soit devenu plus contagieux », expliquent les chercheurs, qui pointent également le manque de ressources pour faire appliquer de véritables mesures de quarantaine, dans des conditions sanitaires acceptables.
Pour conclure, l’étude rappelle les risques de voir le virus se propager dans le reste de l’Afrique et sur les autres continents, étant donnée la vitesse à laquelle il se répand dans des zones très densément peuplées. Et ces prévisions alarmistes ne sont malheureusement pas les premières du genre. L'OMS elle-même a déclaré fin août que le nombre de cas total pourrait atteindre les 20 000. Et début septembre, le physicien Alessandro Vespignani publiait dans Science, des chiffres encore plus inquiétant : le nombre de malades pourrait attendre les 10 000 avant le 24 septembre, et des centaines de milliers dans les mois suivants, prédisait-il.