Publié le 22 mai et actualisé le 12 juin 2O12
C'est un rapport qui devrait faire grand bruit. Les sénateurs recommandent, ni plus ni moins, d'interdire des cabines de bronzage hors usage médical. «Leur danger c'est le mélanome », a martelé Bernard Cazeau, le rapporteur PS de la mission d'information conscrée aux interventions à visée esthétique et aux dispostifs médicaux.
« Une séance dans une cabine de bronzage en France, c’est l’équivalent d’une exposition de même durée au soleil de midi, sur une plage des Caraïbes et sans protection solaire ». Le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié par l’Institut de veille sanitaire dressait il ya quelque seemaines un véritable plaidoyer contre les cabines de bronzage. 13,4% des Français de 15 à 75 ans ont déjà fréquenté l'une des 15 500 cabines de bronzage du territoire selon l’une des enquêtes du BEH. Pour un tiers d’entre eux, il s’agit même d’une pratique régulière, avec plus de 10 séances par an. Parmi ces inconditionnels du teint hâlé, on trouve principalement des femmes et la jeune génération des 20-25 ans.
Conséquence directe, 5% des mélanomes cutanés, une forme de cancer de la peau, sont attribuables à l’utilisation des cabines de bronzage. Une cinquantaine de décès sont donc chaque année causés par ces UV artificiels. Les données scientifiques sont désormais catégoriques, l’exposition aux UVA favorise le développement de cancer de la peau et le danger est proportionnel à la fréquence d’exposition. Même les utilisateurs en conviennent, 86% pensent qu’elles favorisent effectivement l’apparition de cancers. Mais cela ne les dissuade pas pour autant de fréquenter ces cabines auxquelles ils prêtent des vertus de préparation de la peau au soleil avant les vacances. Cet argument marketing de la filière des cabines de bronzage est l’une des nombreuses fausses allégations qui exaspèrent les spécialistes.
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Un décret, déposé par le précédent gouvernement, doit être publié prochainement. Il devrait interdire les offres promotionnelles du type « trois séances pour le prix d’une » et plafonner la puissance des lampes à bronzer. Un minimum pour le Dr Blanchet-Bardon qui souhaiterait même une interdiction de publicité comparable à celle imposée aux fabricants de cigarettes. Seuls 2 pays sont allés jusqu’à l’interdiction totale des cabines de bronzage : le Brésil en 2009 et l’Australie cette année.
Reste à savoir s'ils seront suivis part la France comme le souhaitent les sénateurs. En attendant une réglementation plus contraignante, la prévention et le dépistage restent les seuls outils des spécialistes.
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