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Pandémie mondiale

Ebola : les deux tiers des Français ont peur

Par Marion Guérin

Selon un sondage de l'Institut BVA-Opinion, 62% des Français jugent élevé le risque de pandémie mondiale. Ni le discours des autorités, ni celui des spécialistes, ne semble les rassurer.

Katherine Mueller/I/NEWSCOM/SIPA

Ebola : faut-il céder à la panique ? Le virus est-il à nos portes ? Quel risque de pandémie ? C’est en lisant ces titres de presse, plus anxiogènes les uns que les autres, que beaucoup de Français commencent leur journée. Partout, les annonces se font de plus en plus alarmantes. L’OMS se dit impuissante, MSF est débordé, et les nouveaux bilans donnent le vertige: 2800 décès depuis le début de l'émidémie et 20 000 nouveaux cas d'ici novembre selon l'OMS...

Psychose
Résultat : la France a peur. Selon un sondage publié par Metronews, près de deux Français sur trois (62%) estiment que le risque de pandémie mondiale est élevé - dont 15% « très élevé ». Paradoxalement, l’arrivée de l’infirmière contaminée sur le territoire français n’a pas fait grimper la psychose : selon l’Institut de sondage BVA-Opinion, la peur serait constante depuis plusieurs jours.

Malgré une manne d’informations sur la question, les Français connaitraient assez mal le virus, qu’ils résumeraient à deux caractéristiques, selon l’institut : il est létal, et extrêmement contagieux. Ce qui, forcément, ne les rassure pas.

Risques très faibles
Les médias auraient également leur part de responsabilité, en insistant sur l’aspect « hors de contrôle » de l’épidémie, au lieu de démontrer la très faible probabilité que le virus se répande dans l’Hexagone.

Car de fait, même si on ne peut pas tout prévoir, le risque est minime, tous les spécialistes s’accordent à le dire. Les hôpitaux français désignés pour accueillir les patients Ebola sont suréquipés et le personnel soignant est sur le pied de guerre.

Enfin, l'hypothèse qu'un patient malade ou en phase d'incubation prenne l'avion avec le virus Ebola est peu probable. «  La maladie a une survenue très brutale. Résultat, le patient est très vite malade, donc alité, et pas en mesure de voyager », explique Sylvain Baize, responsable du centre national de référence (CNR) des fièvres hémorragiques à l’Institut Pasteur.

« Ce n’est qu'une question de temps ! »
Il n'empêche. Sur Internet, les forums sur la « psychose Ebola » se multiplient. Les internautes échangent leurs craintes et leurs prédictions, persuadés d’un « complot », ou écrasés par le poids de la fatalité : « Faut pas se leurrer, ce n’est qu'une question de temps avant que ça n'arrive en Europe ! » peut-on lire sur l’un des sites.

Et ils ne sont pas les seuls… Aux Etats-Unis, l’hypothèse d’une pandémie mondiale agite les citoyens depuis plusieurs mois. Un sondage effectué en août indique que 40% des Américains sont persuadés qu’il y aura une vaste explosion d’Ebola aux Etats-Unis ; plus d’un quart craignent même qu’un parent ou un proche ne soit contaminé dans l’année !


(Capture d'écran Imgflip)

Un élan de panique que certains médias préfèrent tourner en dérision. Le journal Newsweek énumère ainsi sept causes de décès, toutes plus farfelues les unes que les autres, mais plus probables qu’une contamination au virus Ebola sur le sol américain. Parmi elles : la piqûre d’abeille (54 décès aux Etats-Unis en 2000), l’intoxication alimentaire (3000 morts chaque année), ou encore le coup de sabot d’un cheval (une centaine de décès tous les ans).