C'est un coup dur porté à l'encontre de la « mafia du médicament » ! L’Institut International de Recherche Anti-Contrefaçon de Médicaments (IRACM) et l'Organisation mondiale des douanes (OMD) viennent en effet d'effectuer une interception record de produits pharmaceutiques illicites et/ou contrefaits menaçant la santé et la sécurité des patients. Celle-ci a eu lieu en Afrique, un continent durement touché par ce fléau.
14 pays africains ont collaboré
Pour la troisième année consécutive ces deux acteurs de la lutte contre la contrefaçon ont organisé une opération douanière d’envergure dans 14 pays d’Afrique du sud, de l’ouest et de l’est sous la dénomination « Opération Biyela 2 ».
La dispositif mis en place a mobilisé 14 administrations douanières africaines (1) durant dix jours, du 26 mai au 4 juin 2014, afin de contrôler simultanément les cargaisons susceptibles de contenir des produits de santé illicites et/ou contrefaits potentiellement dangereux pour la santé.
Ainsi, 113 millions de produits pharmaceutiques ont été interceptés, pour leur majeure partie, au Bénin, en Tanzanie et en République Démocratique du Congo. La plupart des cargaisons provenaient de Chine ou d’Inde.
Contrefaçons : surtout des traitements de 1ère nécessité
Parmi les médicaments bloqués par les douaniers africains, une majorité concerne des traitements de première nécessité (32 % d’antalgiques, 17 % d’anti-inflammatoires, 5 % d’antibiotiques), mais aussi des traitements de fond (17 % des produits interceptés étaient des antituberculeux).
L’opération a également permis de détecter pour la première fois de manière significative des produits vétérinaires illicites.
Un trafic en progression continuelle
Grâce au travail de plusieurs administrations, en un peu plus de 3 années de partenariat, les 3 opérations menées dans les grands ports maritimes d’Afrique ont permis l’interception de près de 756 millions de produits pharmaceutiques illicites et/ou contrefaits, d’une valeur estimée à plus de 370 millions de dollars US, et leur blocage aux portes du continent.
Résultat, dans un communiqué rédigé ensemble, l'IRACM et l'Organisation mondiale des douanes estiment que « la fréquence des cas et le volume des lots interceptés par les douaniers, l’élargissement des gammes de produits pharmaceutiques contrefaisants (...), la « qualité » des contrefaçons, l’évolution des techniques de fraude et des routes qu’emprunte le trafic sont autant d’indicateurs en cours d’analyse et qui tendent à démontrer que, loin de faiblir, le trafic de faux médicaments est en progression continuelle. »
Un constast inquiétant car même si dans un tiers des cas, les produits contrefaits ne contiennent aucun principe actif, dans un cas sur cinq, la substance active est en quantité insuffisante ou encore le médicament contient une substance toxique. En France ou à l'étranger, les douaniers ont déjà retrouvé dans des produits contrefaits de la peinture en guise de colorant ou encore de la mort aux rats !
(1) Afrique du Sud, Angola, Bénin, Cameroun, République Démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana, Kenya, Mozambique, Namibie, Sénégal, Tanzanie, Togo.