Comment explique-t-on la vulnérabilité de certaines personnes au stress ? A cette question, une équipe française de l'Inserm (1) vient d'apporter un élément de réponse en identifiant, chez la souris, un nouveau déterminant de la réponse au stress. En fait, c'est l’altération d’une protéine qui augmenterait cette réaction, rendant les animaux plus vulnérables à un stress répété.
Une protéine modifie la réponse physiologique au stress
Pour comprendre, cette équipe s’est intéressée à une protéine nommée « OCT2 », un transporteur présent dans les circuits neuronaux liés au stress. Cela car de précédents travaux avaient montré qu’elle était sensible à la corticostérone, l’hormone du stress.
Pour arriver à leur conclusion, les auteurs ont aboli l’expression du gène OCT2 chez des rongeurs et les ont soumis à un stress répété. Ils ont alors constaté une plus grande sensibilité des animaux à ce stress, avec davantage de symptômes dépressifs comme une diminution des soins autonomes, des troubles de mémoire spatiale ou encore des problèmes d’interaction sociale.
De plus, ces souris présentaient des niveaux plus élevés de corticostérone, et l’altération d’au moins une voie de signalisation impliquée dans le stress.
Une cible thérapeutique
Pour les auteurs, OCT2 est donc un déterminant génétique important dans la vulnérabilité au stress chez la souris. Et il pourrait bien en être de même chez l’homme. « Ces travaux suggèrent d’ores et déjà qu’une altération de l’activité de cette protéine pourrait perturber la réponse au stress et contribuer au risque associé de dépression », explique Sophie Gautron (2), coauteur de l'étude.
« Cela ouvre plusieurs pistes de travail. En effet, certains médicaments utilisés dans la lutte contre le cancer ou le diabète bloquent ces transporteurs. Il est possible que certaines de ces molécules diffusent dans le cerveau et il est donc nécessaire de vérifier s’ils n’altèrent pas la réponse au stress. Par ailleurs, dans le cadre d’un projet ANR (Agence nationale pour la recherche), nous allons travailler avec des chimistes pour développer des molécules ciblant ce transporteur, capables de potentialiser l’effet des antidépresseurs », rajoute-t-elle.
Tout en concluant que « cette découverte renforce l’idée selon laquelle les interactions entre gènes et environnement participent à la susceptibilité individuelle au stress. »
(1) Institut national de la santé et de la recherche médicale
(2) Unité 1130 Inserm/CNRS/Université Pierre et Marie Curie, Paris