Elles sont à l’âge où l’image du corps est très importante. Pour ces adolescentes qui souffrent d’anorexie mentale grave, une prise en charge spécialisée est indispensable. Et pendant longtemps, médecins et psychiatres ont considéré qu’il fallait isoler les jeunes patientes de leur famille. Un dogme battu en brèche depuis plusieurs années, notamment en France. Une nouvelle étude américaine, qui vient de paraître dans la revue JAMA Psychiatry, montre que la participation des parents à la prise en charge est au contraire bénéfique.
Ecoutez le Dr Xavier Pommereau, responsable du Pôle Aquitain de l'Adolescent au Centre Abadie (CHU de Bordeaux) : « L'isolement familial pouvait atteindre plusieurs mois voire des années. On a beaucoup de mal à faire passer l'idée qu'on est délétère pour les familles et pour les jeunes »
L’étude a été menée par des chercheurs de l’Université de Stanford, auprès de 164 adolescents anorexiques de 12 à 18 ans, dont 90% étaient des filles. Elle a comparé deux types d’approches, l’une au cours de laquelle on apprenait aux parents à aider leurs enfants à manger normalement et l’autre qui visait à résoudre les difficultés familiales. Le tout sur une période de neuf mois. Et les résultats montrent que les deux prises en charge ont conduit à des taux de guérison similaires, avec une même reprise de poids. Avec cependant un léger avantage pour la première approche, qui a permis un gain de poids plus rapide et a nécessité moins d’hospitalisation. Selon le pédopsychiatre Xavier Pommereau, cette étude est intéressante car elle confirme la nécessité de faire participer les parents et montre qu’il y a un consensus au niveau de cette nouvelle vision de la prise en charge. Il estime en revanche que les parents n’ont pas à jouer un rôle de soignant.
Ecoutez le Dr Xavier Pommereau : « Les parents ne peuvent pas aider leur enfant à reprendre du poids »
Et côté alimentation, il peut être important que les parents rencontrent un diététicien, car le Dr Pommereau constate souvent une alimentation anarchique dans ces familles. « Les parents vont se mettre à cuisiner des plats très élaborés puis le lendemain vont servir des chips avec du jambon, présenté sur la table encore avec son emballage ». En France, il n’existe que quatre ou cinq centres de pédopsychiatrie, spécialisés dans la prise en charge des adolescents anorexiques. Mais tous vont dans le même sens. « Il peut y avoir une nécessité d’isoler l’adolescent, mais pas plus d’un mois, d’autant que cet isolement laisse penser aux parents qu’ils sont responsables du trouble de leur enfant, et qu’ils ne sont pas capables de s’en occuper ».
Ecoutez le Dr Xavier Pommereau : « Impliquer les parents dans le trouble ne veut pas dire qu'ils sont responsables ou coupables de la maladie de leur enfant. »