A partir du 1er novembre, les médecins devront s’adresser à l’Assurance maladie pour prescrire à leurs patients certains médicaments contre le cholestérol : la rosuvastatine et l'ézétimibe seul ou en association avec la simvastatine. Plus connus sous leurs noms Crestor et Ezetrol, ces médicaments sont administrés aux patients pour prévenir des accidents cardio-vasculaires liés à des taux trop élevés de cholestérol.
342,8 millions d’euros de remboursement en 2013
Cette mesure a été publiée ce jeudi dans le Journal Officiel. Désormais, les médecins devront remplir une demande d’accord préalable à l’Assurance maladie pour toute initiation de traitement, c’est-à-dire quand le médicament n’a pas été administré au patient depuis six mois. Les raisons ? Un trop grand nombre de prescriptions et une prise en charge estimée « particulièrement coûteuse », par l’Assurance maladie. En 2013, le Crestor était le 3e médicament le plus remboursé - en volume - en France. Cette même année, l’Assurance maladie a versé 342,8 millions d’euros pour rembourser 2 millions de Français. La rosuvastatine coûte deux fois plus cher que les génériques de la simvastatine.
De surcroît, les médecins sont accusés de ne pas respecter les recommandations de la Haute Autorité de Santé concernant les modalités de prescription. La HAS préconise entre autres le recours à des traitements moins lourds en première intention. En effet, l'Assurance maladie avait mené une étude montrant que la rosuvastatine ne faisait pas mieux que la simvastatine en prévention primaire par rapport à la mortalité et à la survenue d’événements cardio et/ou cérébrovasculaires graves.
Potentielle source de conflit
Le système de « mise sous entente préalable » existe déjà pour des médicaments dans des maladies rares et pour des indications très limitées. C’est, en revanche, la première fois qu’une demande d’entente préalable concerne un produit aussi largement prescrit.
Ce qui a eu pour effet de déclencher un vent de protestation parmi les médecins. « Etant donné que la prescription du médicament est très répandue, le contrôle médical devra tout refuser ou tout accepter. De plus, les médecins sont déjà submergés de tâches administratives. Ils ne rempliront pas les papiers et cela deviendra une source de conflit », déplore le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la confédération des syndicats médicaux français (CSMF.) « Bientôt, on devra demander à l’Assurance le droit d’exercer ! C’est du grand n’importe quoi », s’emporte t-il.
Si les médecins formulent leur demande en ligne sur l'espace pro du site internet de l'Assurance maladie, le médecin obtiendra l’autorisation (ou le refus) le jour même. En revanche, toute demande adressée par courrier sera traitée dans un délai de 15 jours. Sans réponse, la demande du prescripteur sera considérée comme valide. En cas de refus de prise en charge, la décision sera notifiée par la sécurité sociale à l’assuré, ainsi qu’au médecin. Ce dernier devra alors choisir un autre médicament ou inscrire la mention « non remboursable » sur l'ordonnance.