« Ces examens en batterie ne servent à rien, coûtent cher et font perdre un temps précieux au patient et à l’hôpital ». Constat édifiant dressé, non par la sécurité sociale, mais par une quinzaine de Sociétés savantes médicales à propos des bilans préopératoires. Electrocardiogramme, radio thoracique, bilan de coagulation et bien d’autres encore, tous ceux qui ont subi une intervention ont du se soumettre à cette série d’analyses.
« L’objectif, indique aujourdhui le Figaro, est de découvrir une pathologie ou une anomalie que le médecin n’aurait pas repéré pendant l’examen médical ». Mais il y a aussi une arrière-pensée, concède le Pr Dan Benhamou, président de la Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR) : « se couvrir en cas de procédure judicaire ».
Or ces bilans ne justifient que dans certains cas liés à l’âge du patient, son état, ses antécédents ou des facteurs de risque identifiés durant l’interrogatoire médical. En routine, résume le quotidien, ils ne servent à rien. « La plupart du temps, ajoute le Pr Serge Molliex, coordinateur de l’expertise, aucune anomalie n’est détectée ». De plus, la prise en charge n’aurait pas été modifiée par le résultat du test.
Après analyse de la littérature médicale internationale, la SFAR vient donc de publier plusieurs recommandations pour limiter les bilans aux examens strictement nécessaires. Objectif pour les auteurs de ce travail : persuader leurs confrères anesthésistes, chirurgiens et généralistes et sensibiliser l’opinion publique.
Une tâche qui s’annonce périlleuse. Une étude menée en 2008 dans un hôpital de la région parisienne, rappelle le quotidien, montre que la moitié des examens complémentaires prescrits dans le cadre de ces bilans n’étaient pas conformes aux règles fixées par la profession. Mais les Sociétés savantes devraient pouvoir compter sur l’appui du gouvernement confronté, lui, au déficit des comptes de la santé.