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Pour une génération sans fumeur dans 20 ans

Plan anti-tabac : Marisol Touraine met le paquet

Par David Bilhaut

Paquet neutre, amplification des interdictions de fumer, campagnes d’information choc, meilleur remboursement du sevrage tabagique, Marisol Touraine passe à l'offensive.

VILLARD/SIPA

Il était attendu depuis plusieurs mois par les associations anti-tabac. Le programme national de réduction du tabagisme a été enfin dévoilé ce jeudi par la ministre de la Santé. Structuré en trois axes, il vise à « protéger les jeunes et éviter l’entrée dans le tabagisme », « aider les fumeurs à arrêter » et « agir sur l’économie du tabac ».

Un jeune sur trois de 17 ans fume

Pour Marisol Touraine, l'heure est à la mobilisation : « Il faut agir, il est temps de changer d’échelle et de méthode, et de mettre en place une stratégie coordonnée comme l’ont fait d’autres pays avec succès ». Avec plus de 13 millions de fumeurs adultes, la lutte contre le tabagisme reste un vrai défi pour notre pays. « Depuis 2005, le nombre de fumeurs a recommencé à augmenter, à rebours de nos voisins européens.
Cette augmentation touche principalement les femmes, les personnes en situation de précarité et les jeunes. ( …) Je ne pourrai jamais me résoudre à ce qu’à 17 ans, un jeune sur trois fume tous les jours », évoque la ministre de la Santé.

Le vapotage interdit sur le lieu de travail
Pour tenter d’inverser la tendance, le gouvernement veut d’abord dissuader ces jeunes d’entrer dans le tabagisme. A ce titre, l’adoption du « paquet neutre » doit permettre de battre en brèche le marketing des industriels du tabac qui tentent de les séduire en utilisant un packaging plutôt attractif. « Les paquets neutres seront standardisés : même forme, même taille, même couleur, même typographie. Les avertissements sanitaires, qui couvrent aujourd’hui 30 % de la superficie du paquet en couvriront 65 % », précise Marisol Touraine.
Pour lutter contre le tabagisme passif des plus jeunes, le programme gouvernemental prévoit aussi d’interdire de fumer dans les véhicules en présence d’enfants de moins de 12 ans.
De même, la cigarette n’aura plus droit de cité dans les espaces publics de jeux pour enfants.
Pour que la cigarette électronique ne soit pas une porte d’entrée dans le tabagime, outre l’interdiction de vente aux mineurs – effective depuis mars dernier – il ne sera plus permis de vapoter dans les lieux accueillant des enfants, ainsi que sur les lieux de travail et dans les transports collectifs.

Forfait sevrage triplé

Afin d’aider les fumeurs à arrêter , le gouvernement lancera une campagne visuelle « choc ». Les premiers spots seront diffusés dès demain et ce, jusqu’au 22 octobre. Pour accompagner les fumeurs dans leur démarche d’arrêt du tabagisme, les médecins traitants seront plus impliqués, avec davantage d’outils et de nouveaux objectifs de santé public entrant dans leur rémunération forfaitaire à la performance.
L'accès au sevrage tabagique sera également amélioré. Le prix des produits reculera tandis que la prise en charge forfaitaire passera 50 à 150 euros pour les jeunes de 20 à 30 ans, les bénéficiaires de la CMU et les patients atteints de cancer.

L'industrie mise à contribution
Dans le but d'alimenter un fonds dédié aux actions de ce plan, l’industrie du tabac sera par ailleurs davantage mise à contribution. Face au lobbying des cigarettiers jugé beaucoup trop intrusif dans la sphère publique (et parlementaire), le plan prévoit de rendre obligatoire la publication des dépenses de communication des industriels.

Lutte contre les marchés parallèles

« L’objectif est de faire avec l’industrie du tabac ce que j’ai fait avec l’industrie du médicament, via le site transparence.gouv.fr qui permet de connaître les liens d’intérêts éventuels », explique Marisol Touraine. Enfin, la lutte contre le commerce illicite de tabac sera renforcée. « Le marché parallèle représenterait 3 850 tonnes de cigarettes, soit 6 % de la consommation. Le gouvernement présentera prochainement un plan d’action interministériel spécifique, mobilisant notamment les services des douanes et de la répression des fraudes », a fait savoir la ministre de la Santé.

Avec ce plan, le gouvernement affiche des objectifs ambitieux et chiffrés : réduire de 5 % le nombre de fumeurs d’ici à 5 ans et de 20 % d’ici à 10 ans. « Dans moins de 20 ans, nous voulons que les enfants, qui naissent aujourd’hui, soient la première géneration de non-fumeurs », rêve à voix haute la ministre.