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En Afrique de l'Ouest

Ebola : une épidémie sans précédent en 6 chiffres clés

L’épidémie d'Ebola qui sévit actuellement en Afrique de l'Ouest est sans précédent. Tant du point de vue du nombre de cas rapportés, de l’étendue géographique et de la transmission en zone urbaine.

Ebola : une épidémie sans précédent en 6 chiffres clés Kjell Gunnar Beraas/AP/SIPA




Au 20 janvier 2015, 550 000 à 1,4 million de personnes risquent d’être infectées par le virus Ebola. C'est l'estimation faite par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) d’Atlanta dans un nouveau rapport publié il y a quelques jours. Dans une conférence de presse, son directeur a même indiqué que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sous-estime largement le nombre de cas : il y en aurait en réalité 2,5 fois plus. Face à ces chiffres, tous les experts s'accordent pour dire que l’épidémie qui fait rage en Afrique de l’Ouest depuis mars dernier atteint une ampleur jusqu’ici inconnue. pourquoidocteur vous détaille la situation en six chiffres clés.

Environ 3 000 morts en cinq mois

Depuis mars 2014, l'épidémie de fièvre hémorragique liée au virus Ebola s'alourdit de mois en mois. Selon les derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le virus a fait 3 093 morts en Afrique de l'Ouest sur 6 574 cas.
En détails, il y a eu 1 839 morts au Liberia sur 3 458 cas, 648 morts en Guinée sur 1 074 cas, et 605 morts sur 2 021 cas en Sierra Leone. Le Nigéria a également enregistré 8 morts sur 20 cas, avec quelques malades recensés sur Lagos, la plus grande ville d’Afrique de l’Ouest. Au Sénégal, l'unique malade a été guéri.
Dans les trois pays les plus touchés, on a dénombré entre 75 et 100 nouveaux cas confirmés par semaine au cours des dernières semaines.
Lors des derniers jours, l'épidémie a continué de s'aggraver en Sierra Leone et au Liberia, alors qu'en Guinée, la situation semble se stabiliser, selon l'OMS. 

10 % des victimes sont des agents de santé
La transmission du virus Ebola nécessite un contact physique rapproché avec une personne infectée présentant des symptômes ou un contact avec des surfaces souillées par les liquides biologiques de la personne (vomissements, linge par exemple). Pour cette raison, les personnels de santé sont particulièrement touchés, avec 208 morts sur 373 infections recensés dans cette population.
L'OMS estime donc qu’environ 10 % des victimes d'Ebola en Afrique de l'Ouest sont des agents de santé. Un bilan d'autant plus grave que les trois pays les plus touchés, comptaient déjà à peine un ou deux médecins pour 100 000 habitants. 
Au Liberia par exemple, 152 professionnels de santé ont été contaminés et 79 sont décédés dans ce pays qui compte moins de 50 médecins pour 4,4 millions d'habitants. « Chaque contamination et chaque décès de soignants affecte significativement la capacité de réponse du pays », déplore l'OMS.

41 morts en RDC d'une autre épidémie d'Ebola
Par ailleurs, une autre épidémie d'Ebola sévit dans une région reculée du nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC), distincte de celle qui frappe l'Afrique de l'Ouest. Elle a tué 41 personnes sur 68 cas depuis qu'elle a fait son apparition le 11 août, selon un bilan daté du 21 septembre. Cette épidémie serait cependant « en bonne voie d'être maîtrisée », selon le gouvernement.
« Au cours des dix derniers jours, aucun nouveau cas lié au virus Ebola n'a été confirmé dans le secteur de Djera », épicentre de l'épidémie, a indiqué il y a quelques jours le porte-parole du gouvernement Lambert Mende, citant un rapport du ministre de la Santé.

1 cas en France
Il y a deux semaines maintenant, on apprenait qu'une infirmière française de Médecins sans frontières (MSF) de 29 ans avait été contaminée au Liberia par le virus Ebola. Dans les 48H qui ont suivi la confirmation de ce cas, la malade a été rapatriée dans l'Hexagone à l'Hôpital d'instruction des armées Bégin, à Saint-Mandé dans le Val-de-Marne (94), et prise en charge par les autorités sanitaires.
Placée sous traitement expérimental, cette première victime française de l'épidémie était arrivée quelques semaines plus tôt au centre de traitement de MSF dans la banlieue de Monrovia. Elle était au contact des malades mais bénéficiait de combinaisons de protection. La manière dont elle a été contaminée reste donc un mystère. Différents scénarios sont possibles pour expliquer la contamination de nombreux soignants.

10 traitements expérimentaux approuvés par l'OMS
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a proposé début septembre huit traitements et deux vaccins expérimentaux contre Ebola à développer au plus vite mais qui ne pourront pas être disponibles pour un usage généralisé avant fin 2014.
Cependant, aucun de ces traitements « n'a été cliniquement prouvé », d'après le document de travail publié par l'OMS à l'intention des 200 experts convoqués à Genève pour faire le point sur les moyens pour lutter contre Ebola.
« D'ici là, seules de petites quantités pouvant aller jusqu'à quelques doses/traitements seront disponibles », a-t-elle indiqué, soulignant que le développement et l'évaluation clinique de ces traitements prendraient « jusqu'à 10 ans dans des circonstances normales. »
Parmi eux, on compte le sérum ZMapp, le TKM-Ebola, l'antigrippal favipiravir, ou encore plusieurs vaccins en cours de développement. 

Les trois déclarations « chocs » sur l'épidémie
« Cette épidémie d'Ebola est sans précédent, absolument pas sous contrôle et la situation ne fait qu'empirer, puisqu'elle s'étend encore, surtout au Liberia et en Sierra Leone », a déclaré au mois de juillet Bart Janssens, directeur des opérations de MSF, dans un entretien publié par la Libre Belgique. Cette déclaration inquiétante intervenait au lendemain de l'annonce du décès par Ebola d'un médecin sierra-léonais chargé de diriger la lutte contre l'épidémie.

Une course contre la mort donc que l'on serait en train de perdre. « L'existence du Liberia est gravement menacée », a clamé début septembre le ministre libérien de la Défense devant le Conseil de sécurité de l'ONU. La maladie « se propage comme un feu de forêt, dévorant tout sur son passage », a-t-il lancé. 

Et en face, le petit pays d'Afrique de l'Ouest manque cruellement d'infrastructures, d'expertise, de ressources financières... Face à ce cri d'alarme du Liberia, la communauté internationale n'est pas sourde. Le secrétaire général de l'ONU a annoncé une réunion internationale fin septembre pour susciter des contributions.

Enfin, selon les projections du physicien Alessandro Vespignani (1) publiées dans Science, le nombre de malades d'Ebola pourrait être des centaines de milliers dans les prochains mois. Le scientifique tempérait toutefois ses prévisions en indiquant que ce modèle prend en compte le fait que les efforts pour stopper l'épidémie n'ont pas encore vraiment démarré. 
« Il s'agit en fait d'une prévision "possible" si rien de plus n'est fait pour endiguer l'épidémie », précisait-il. 
Par ailleurs, Alessandro Vespignani alertait aussi sur le risque de propagation du virus au-delà Afrique de l'Ouest qui est faible. Le Ghanale Royaume-Uniet les Etats-Unis sont, selon lui, les pays les plus susceptibles d'avoir un cas isolé sur leur territoire.


(1) Physicien à l'Université Northeastern à Boston



 

 

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