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Loi sur les professions réglementées

Grève des pharmaciens : le gouvernement hésite à casser le monopole

Par la rédaction

Une grève des pharmacies est prévue pour le 30 septembre. Elle pourrait entamer la volonté du gouvernement à mettre en œuvre la loi sur les professions réglementées.

JAUBERT/SIPA

Une grève massive des pharmaciens est prévue ce mardi, pour protester contre le projet de loi sur les professions réglementées, qui mettrait fin au monopole des officines pour la vente des médicaments sans ordonnance, non remboursables. Mais devant l'hostilité suscitée par cette mesure, le gouvernement pourrait faire marche arrière, d'autant que certains ministres, à commencer par Marisol Touraine, en charge du ministère de la Santé, se montrent particulièrement réservés. 

Levée de bouclier des pharmaciens

Depuis la sortie du rapport de l'Inspection Générale des Finances, qui propose la fin du monopole des pharmacies, les pharmaciens sont vent debout. La fédération des pharmaciens d'officine (FSPF), reçue à plusieurs reprises au Ministère de l'économie, estime que les médicaments non remboursables ne sont pas des produits de consommation banalisés, et que seuls des professionnels sont aptes à accompagner au mieux les consommateurs, pour qu'ils se procurent leurs traitements sans risque.

Le projet prévoit aussi l'ouverture du capital de toutes les sociétés d'exercice libéral, or la FSPF est opposée à l'ouverture du capital des officines à d'autres personnes que les pharmaciens.

Macron prudent

Si Arnaud Montebourg avait fait de l'adoption de cette loi une priorité, Emmanuel Macron, devenu ministre de l'Economie, suite au remaniement gouvernmental d'août, est, lui, beaucoup plus prudent. 

Lors d'un interview accordé à Europe 1, le ministre a déclaré : « On ne va pas résoudre les problèmes des Français en sacrifiant les notaires et les pharmaciens. Dire que cela rendra 6 milliards d'euros de pouvoir d'achat aux Français, c'est une illusion ». Marisol Touraine, quant à elle, est depuis longtemps considérée comme peu favorable à la fin du monopole des pharmaciens. 

Si le projet était retiré, les médicaments, quels qu'ils soient, resteraient en pharmacie, mais certains produits, comme le dentifrice Selgine, pourraient se retrouver sur les rayons des supermarchés. Les tests de grossesse, d'ovulation, ainsi que le liquide de nettoyage des lentilles, sont déjà en grande surface depuis mars, et devraient y rester. Des concessions pourraient ainsi être négociées avec les pharmaciens en échange d'un retrait du projet. 

L'échéance de la loi de santé
 
Autre question épineuse, le vote de la loi de santé publique prévue pour 2015. Afin de l'appliquer, le gouvernement compte sur l'appui des pharmaciens, qu'il ne peut dès lors pas se mettre à dos. Au gouvernement, on reconnaît que les officines constituent, en zone rurale, le meilleur point d'information et de conseil en matière de santé, pour les personnes qui y vivent. 

La grève des pharmaciens pourrait donc faire reculer le gouvernement, d'autant que d'autres professions réglementées sont également farouchement opposées au projet, comme les huissiers, aussi en grève la semaine dernière.