Pour les Français qui sont malades, il fallait mieux acheter ses médicaments à l’avance. Car ce mardi 30 septembre, à 11h, la mobilisation des pharmaciens contre le projet de loi visant à déréglementer leur profession frôlait l’unanimité. Le Conseil National de l’Ordre des pharmaciens a ainsi comptabilisé, par le biais de l’activité des serveurs du dispositif « Dossier Pharmaceutique », 87 % de pharmacies fermées. La mobilisation promise a donc eu lieu sachant que 10 % du total des pharmacies environ ont été réquisitionnées pour assurer le service de garde.
Résultat, on atteint le chiffre de mobilisation d’environ 97 %. Pour l'Ordre, ce chiffre de mobilisation « exceptionnel » atteste de la préoccupation d’une profession décidée à se réformer, « mais dans le sens de l’avenir et non dans le sens du passé. »
La pharmacie française est performante, selon l'Ordre
Dans une tribune publiée ce mardi par Le Monde, Isabelle Adenot, présidente du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens, indique : « En tant que présidente de l'Ordre mon rôle est d'inciter à l'innovation, comme le dossier Pharmaceutique, mais aussi d'alerter la population quand une réforme, plutôt que d’aller vers le progrès et la modernité, serait tournée vers le passé et vers la régression. »
Elle rappelle « les comparaisons européennes montrent que la pharmacie française est performante, y compris du point de vue des prix des médicaments non remboursables. La France a mis au point un modèle pharmaceutique fonctionnel, évolutif et doté d'une bonne capacité de réponse aux défis de son temps et qui fait barrage aux médicaments falsifiés. Ceux qui briseraient une construction patiemment mise au point, adaptée aux réalités du pays, sécurisante pour les Français et efficace économiquement, joueraient aux apprentis-sorciers », conclut-elle.
Conserver le monopole officinal
Car dans cette histoire, c'est le projet de loi sur la croissance et le pouvoir d’achat qui a mis le feu aux poudres. Celui-ci prévoit en effet d’autoriser la vente des médicaments sans ordonnance en grande surface. De plus, il pourrait autoriser les investisseurs à entrer dans le capital des officines et modifier les règles d’installation sur le territoire. Ce qui pourrait avoir comme conséquence la fermeture de nombreuses officines. Et ces mesures s'ajoutent à la réforme en cours de la rémunération des pharmaciens, censée améliorer l'économie de l'officine. Or de nombreux pharmaciens sont loin d'en être convaincus.
Des ministres rassurants
Pour les rassurer, la semaine dernière, les ministres de l’Economie et de la Santé ont reçu les 3 syndicats et l’Ordre des pharmaciens et ont annoncé la création d’un groupe de travail. Il devrait rendre ses conclusions le 15 octobre au plus tard. « Cette invitation conjointe des deux ministres est un signe ; la sécurité sanitaire et la proximité territoriale sont entendues », estimaient les représentants de la profession. De plus, les propos d’Emmanuel Macron la semaine dernière se voulaient rassurants. Il a déclaré ne pas vouloir casser la profession, et vouloir agir dans la concertation.