Les femmes sont plus « sucré », les hommes « salé. » C’est ce qui ressort de la dernière enquête Nutrinet-Santé, dont les résultats sont parus dans le British Journal of Nutrition. Menée auprès de 37 000 « nutrinautes » français, elle a rassemblé des questionnaires sur les goûts des participants et leurs caractéristiques. Selon l’âge, le sexe, mais aussi le niveau socio-économique, les préférences alimentaires varient, concluent les auteurs.
Les jeunes attirés par le gras
Globalement, les Français sont plutôt attirés par le gras. C’est davantage le cas des nutrinautes jeunes que des plus âgés. Ceux dont le revenu est bas se disent aussi plus attirés par les graisses. Cela pourrait s’expliquer par la qualité de l’offre alimentaire bon marché, plus riche en graisses. Et plusieurs études l’ont prouvé : plus on est exposé aux différentes sources de graisses, plus on est attiré par elle.
« La relation entre les caractéristiques individuelles et la préférence pour une sensation grasse fournit des informations nouvelles et originales qui pourraient s’avérer utiles dans la meilleure compréhension des associations entre les goûts et les comportements individuels », notent les auteurs de l’étude. Ainsi, les nutrinautes seraient plus attirés par le gras sous le coup de l’émotion, mais aussi à cause de la frustration d’un régime, chez les femmes. La grossesse est aussi synonyme d’une envie accrue de produits gras, tandis que l’allaitement s’accompagne d’une moindre appétence pour le sel et l’amertume.
Le succès sans faille de la pâte à tartiner
Certains nutrinautes penchent plutôt pour le « gras-salé », selon les résultats des questionnaires, validés avec le Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation (CSGA). C’est le cas des hommes, mais aussi des fumeurs et des buveurs réguliers.
Les saveurs grasses et sucrées sont préférées par les femmes, mais aussi les participants obèses, ceux qui ne contrôlent pas leur appétit ou qui travaillent peu. En revanche, les personnes plus âgées, qui savent maîtriser leurs envies, se déclarent moins attirés par ces aliments.
Les nutrinautes reconnaissent aussi leurs mauvaises habitudes alimentaires. 25 % d’entre eux mangent la pâte à tartiner chocolat-noisettes (« gras-sucré ») à la cuillère, mais ils ne sont que 2 % à le faire systématiquement. Autre pratique peu diététique : saler son plat avant de l’avoir goûté. Les médecins s’accordent à déconseiller cette habitude, mais un participant sur 10 l'a adoptée.
Prochaine étape de l’étude Nutrinet-Santé : observer l’effet de ces attirances alimentaires sur le poids et la santé des volontaires. Il s’agira notamment de déterminer si le diabète de type 2 est plus fréquent chez les amateurs de sucre, et l’hypertension chez ceux qui préfèrent le sel. Nutrinet-Santé est un projet français qui veut regrouper 500 000 internautes. Les participants remplissent régulièrement des questionnaires sur leurs comportements alimentaires. A travers les résultats, l’équipe, menée par le Pr Serge Hercberg, souhaite mieux identifier les facteurs de risque ou de protection liés à la nutrition.