C’est une erreur qui pourrait coûter cher. L’hôpital américain, qui a diagnostiqué le premier patient Ebola en dehors du continent africain, s’est reconnu coupable d’une faute grave. Le porteur du virus, Thomas Eric Duncan, un Libérien d’une quarantaine d’années, est passé une première fois aux urgences le 25 septembre au soir, où il a bien précisé qu’il revenait d’Afrique.
« Malheureusement cette information n'a pas été transmise à toute l'équipe soignante et n'a pas pu être prise en compte dans sa décision clinique », a rapporté mercredi le Dr Mark Lester, directeur général de Texas Health Resources. Résultat : le patient a été renvoyé chez lui le jour même, avec un diagnostic « d'infection virale bénigne ».
Thomas Eric Duncan (photo Facebook)
Des enfants peut-être contaminés
Pendant quatre jours, du 24 au 28 septembre, ce patient contagieux n’a donc pas été placé en quarantaine. Or, selon les responsables sanitaires américains, il est fort probable qu’il ait contaminé d’autres personnes au cours de cette période. Les autorités du Texas recherchent activement tous ceux qui auraient pu entrer en contact avec lui.
Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) affirment que 18 cas suspects sont sous étroite surveillance. Parmi eux, figurent cinq enfants scolarisés dans quatre écoles différentes. Le proviseur du lycée Emmett J. Conrad de Dallas a informé les parents qu'un élève « aurait été en contact » avec le malade mais qu'il ne présentait « aucun symptôme ». « On lui a conseillé de rester chez lui », a-t-il expliqué.
Des patrouilles de sécurité sont postées devant le logement du patient libérien (Tony Gutierrez/AP/SIPA)
« Des personnes vont voyager aux Etats-Unis sans aucun symptôme »
Contacté par l’AFP, le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), a estimé que ce patient aurait dû être traité comme un cas suspect d'infection par Ebola dès sa première visite à l'hôpital.
« Si le médecin du service d'urgence avait interrogé cette personne sur ses antécédents de voyage et que celle-ci lui avait dit revenir d'Afrique de l'ouest, cela aurait tiré une énorme sonnette d'alarme. Il est vraiment important de s'assurer que les médecins sont bien conscients que nous avons un problème, qu'il y a une épidémie en Afrique et que des personnes vont voyager aux Etats-Unis sans aucun symptôme », a-t-il poursuivi.
Des nouveaux cas, mais pas d’épidémie
Malgré tout, le Dr Fauci a écarté tout risque « d'épidémie aux Etats-Unis ». Selon lui, le système médical américain est apte à retrouver et à suivre les personnes qui ont eu des contacts avec un malade.
Le directeur des CDC, le Dr Tom Frieden, a de son côté, réaffirmé l’absence de risque de contamination pour les passagers des avions dans lesquels le patient a voyagé entre le 19 et le 20 septembre (3 avions au total, du Libéria à Dallas). Au cours de ce trajet, en effet, il ne présentait aucun symptôme. En revanche, il n'a pas écarté la possibilité que des membres de son entourage puissent avoir été infectés et « développent Ebola au cours des prochaines semaines ».
Le patient Ebola se trouve dans un état « grave mais stationnaire », a fait savoir l'hôpital. « Il est éveillé, il parle et réclame à manger ». Selon le New York Times, Thomas Eric Duncan pourrait avoir été contaminé au Libéria en transportant la soeur du propriétaire de son logement à l’hôpital. Elle était alors enceinte et gravement malade. Elle est décédée un jour après.
Le Texas Health Presbyterian, où le patient Ebola a été placé en quarantaine (G.J. McCarthy/AP/SIPA)
Les Français inquiets
Alors que la psychose monte d’un cran aux Etats-Unis, un sondage réalisé par l’institut Ipsos relève une inquiétude parmi les Français. Seuls 45% de la population de l’Hexagone estiment que les autorités prennent suffisamment de précautions pour éviter que le virus n’entre sur le territoire. Nos voisins semblent moins pessimistes : ce taux s’élève à 57% en moyenne dans les autres pays d’Europe.