Attendus depuis longtemps pour remplacer les controversés tests hemoccult jugés peu efficaces par les médecins, les tests immunologiques font enfin leur entrée dans le programme de dépistage organisé du cancer colorectal. L’arrêté du ministère de la Santé qui encadre ce test est paru ce samedi au « Journal Officiel ».
Avec plus de 42 000 nouveaux cas recensés chaque année, il s’agit du troisième cancer le plus fréquent chez l’homme et le deuxième chez la femme. Survenant pour l’essentiel chez les plus de 50 ans, c’est aussi le deuxième cancer le plus meurtrier, responsable de plus de 17 500 décès annuels. Comme le rappellent fréquemment les campagnes de sensibilisation, ce cancer peut être guéri dans 9 cas sur 10 s’il est détecté suffisamment tôt. D’où l’intérêt du nouveau test immunologique qui se révèle beaucoup sensible vis-à-vis des lésions précancéreuses et donc plus efficace dans une démarche de prévention. Selon l’Institut national du cancer (INCa), comparé au classique test au gaïac, le test immunologique permet de détecter entre 2 et 2,5 fois plus de cancers colorectaux, en fonction des études cliniques. Le test immunologique se veut également plus simple d’utilisation puisqu’un seul prélèvement de selles est nécessaire contre six avec Hemoccult. La technique de prélèvement s’avère aussi plus fiable et plus ergonomique, tandis que la lecture automatisée de ce test garantit une meilleure fiabilité.
Pour les personnes à risque «moyen»
Selon l’arrêté du ministère de la Santé, le nouveau test immunologique s’adresse comme son précécesseur aux hommes et femmes âgés de 50 à 74 ans, « à risque moyen » de développer un cancer colorectal, uniquement. En d’autres termes, il est destiné aux personnes ne présentant aucun antécédent personnel d’adénome ou de cancer colorectal, de maladies inflammatoires chroniques intestinales, d’antécédent familial d’adénome de premier degré (c’est à dire, une tumeur au-délà de 10 mm de diamètre survenue chez un sujet avant 65 ans) ou de cancer colorectal (les autres cas plus spécifiques sont détaillés dans l’arrêté).
Objectif : 45% de participation
Pour les cas classés à risque « élevé » à « très élevé », le médecin proposera « une autre modalité de dépistage, de diagnostic ou de surveillance selon les recommandations de bonnes pratiques cliniques en vigueur, incluant notamment une coloscopie, voire en cas de risque très elevé, une consultation d’oncogénétique » , indique l’arrêté ministériel. Dans l'optique des prochaines campagnes de dépistage organisé, les pouvoirs publics espèrent atteindre grâce à ce nouveau test l’objectif minimal de participation des populations cibles fixé à 45% au niveau européen. Nous n'en sommes qu'à 31% actuellement.